L’état de santé de Yasser Arafat fait les gros titres dans le monde entier. Je ne sais pas ce qu’il faut croire à ce sujet, mais je pense que s’il venait à mourir, les Israéliens apprendront à l’apprécier après son départ. Pendant 45 ans, il a vécu menacé par des complots pour le tuer. Plusieurs fois les Israéliens ont annoncé sa mort politique. Lors de la première conférence de Camp David, le penseur égyptien Mohammed Sid-Ahmed m’avait dit que nous avions de la chance d’avoir Arafat car grâce à lui, nous n’avions qu’un seul interlocuteur.
Si on ne veut pas la paix, mais un grand Israël, alors on n’a pas besoin d’Arafat. Mais si on veut la paix, il est essentiel, car il est le seul capable de faire accepter des concessions douloureuses aux Palestiniens, une capacité liée à son statut de père de la nation. S’il a l’air d’un fanatique à la télévision, il est en réalité un homme très doux et chaleureux.
En 30 ans, je n’ai jamais été surpris par ses positions et attitudes, marquées par la même cohérence. S’il a surpris si souvent les services de renseignement israéliens, c’est parce que, comme l’a dit Boutros Boutros-Ghali, les arabistes israéliens « savent tout et ne comprennent rien ». Il a, certes, commis des erreurs, mais rien comparé à ses accomplissements.
La disparition d’Arafat ne mettra pas fin aux espoirs de paix, mais ce sera une opportunité perdue de faire la paix avec un dirigeant doté de l’autorité et de la conviction nécessaire.
« Will Israel appreciate Arafat when he’s gone ? », par Uri Avnery, Boston Globe, 5 novembre 2004.
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