Beaucoup de Palestiniens craignent une crise après la mort d’Arafat et certains pensent que Marwan Bargouthi est la seule solution de remplacement. En fait, la succession d’Arafat pose problème en raison des nombreux postes qu’il occupe, mais cette situation offre aussi une solution.
Arafat est président du comité exécutif de l’OLP, président de la Palestine, chef de l’Autorité palestinienne, commandant en chef des forces de sécurité de l’OLP et on dit qu’il a le contrôle des fonds de l’OLP. Pour l’OLP, il a déjà été remplacé par Mahmoud Abbas après son départ à Paris. L’Autorité palestinienne est pour sa part dirigée par Ahmed Qoreï. Le premier problème a eu lieu par contre au cours d’une réunion du Conseil de sécurité national sur le titre à donner à Qoreï, présent à la réunion dans le procès-verbal. En fait, les difficultés découlent de l’absence de règles spécifiques en cas d’absence d’Arafat et les incertitudes sont aggravées par l’incertitude sur son état de santé. Les successeurs potentiels hésitent à se faire connaître de peur d’une disgrâce en cas de retour du dirigeant.
Des élections pourraient régler le problème, mais dans l’Autorité palestinienne comme dans les mouvements de libération elles sont rares. Les Palestiniens expliquent cette rareté du fait même de la nature de ces mouvements et de l’absence de souveraineté de la Palestine : il ne faut pas offrir aux Israéliens un camp minoritaire ou un bras droit avec lequel négocier si on ne s’entend pas avec le chef. Beaucoup pensent que si Arafat avait eu un vrai bras droit, il aurait été éliminé par Israël. Les élections internes au sein du Fatah étaient souhaitées par Marwan Bargouthi avant son emprisonnement.
Aujourd’hui, quel que soit le sort d’Arafat, la succession va être centrale pour les Palestiniens. Il semble que ce soit les vieux dirigeants de l’OLP qui étaient à Tunis (comme Abbas et Qoreï) qui doivent l’emporter sur les jeunes dirigeants de la première et de la deuxième Intifada.

Source
Jerusalem Post (Israël)

« Succession politics », par Daoud Kuttab, Jerusalem Post, 7 novembre 2004.