La différence majeure entre l’élection de dimanche en Ukraine et les élections des dix dernières années dans les douze pays de l’ex-URSS est que le vainqueur n’est pas connu à l’avance. Les deux principaux candidats, Viktor Yushchenko et Viktor Yanukovych, ont eu chacun environ 39 % des voix selon le décompte officiel. Bien que l’Ukraine soit l’un des pays les plus divisés des ex-pays soviétiques, il semble avant tout devenir une démocratie.
Ce n’est pas que les élections n’aient pas vu un grand nombre d’irrégularités en faveur de Yanukovych organisées par le pouvoir ukrainien et la Russie de Vladimir Poutine. Ce n’est pas non plus que l’Ukraine ait vaincu ses problèmes de crimes, de pauvreté et de corruption ou résolu son problème d’identité nationale. Selon les sondages, 81 % des Ukrainiens voteraient aujourd’hui encore pour l’indépendance, mais cette proportion n’est que d’un tiers dans les provinces de l’Est. La polarisation du pays est très forte. Yushchenko écrase Yanukovych à l’Ouest et l’inverse se produit à l’Est, parfois avec des proportions de 30 contre un. Cette situation a pour conséquence qu’après chaque élection, une partie des électeurs se sent étranger au vainqueur et quand on gagne une élection, on est obligé de s’appuyer sur ses opposants car ils conservent une base importante.
L’Ukraine est un pays divisé, à mi-chemin entre la démocratie et le passé soviétique. C’est cette division qui rend la démocratie obligatoire. Ce n’est pas le consensus, mais le conflit et la polarisation qui ont créé la démocratie en Ukraine.
Washington Post (États-Unis)
Quotidien états-unien de référence, racheté en août 2013 par Jeff Bezos, fondateur d’Amazon.
« Ukraine’s Democratic Strengths », par Stephen Sestanovich, Washington Post, 19 novembre 2004.
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