Les attaques terroristes en Russie ont amené Vladimir Poutine à dénoncer le « deux poids deux mesures » de l’Occident : quand les États-Unis ou l’Europe sont frappés, ils ripostent et la Russie attend notre soutien. Poutine a raison de demander à ce qu’il y ait une coopération dans la guerre au terrorisme, mais en réalité la Russie bénéficie de cette guerre. En effet, au nom de la coopération, on laisse ce pays tranquille alors qu’il y a manifestement un problème.
Si les deux avions qui se sont écrasés en Russie étaient partis de Bakou en Azerbaïdjan et non du sol russe, la communauté internationale aurait demandé à ce que ce pays corrige ses erreurs institutionnelles ayant permis la réalisation de cet attentat. Si la prise d’otage de Beslan avait eu lieu en Ukraine, la communauté internationale aurait marqué sa solidarité avec le pays, mais aurait également exigé la réforme d’institutions corrompues. Certes, demander à un autre État de se réformer est une atteinte à sa souveraineté, mais deux États, la Géorgie et la Moldavie subissent une violation de leur souveraineté du fait de la présence de troupes russes sur leur sol contre l’avis du pouvoir central. Si la Roumanie et la Turquie avaient agis ainsi, on n’aurait pas laisser le premier entrer dans l’OTAN et le second ouvrir des négociations avec l’Union européenne en vue d’une adhésion.
Poutine bénéficie d’une exception de traitement et personne ne parle d’une « feuille de route » pour la Tchétchénie. Cette façon de traiter la Russie ne l’aide pas à évoluer.

Source
Washington Post (États-Unis)
Quotidien états-unien de référence, racheté en août 2013 par Jeff Bezos, fondateur d’Amazon.

« Putin’s Double Standards », par Stephen Sestanovich, Washington Post, 17 octobre 2004.