Dans la campagne présidentielle états-unienne, le débat sur la politique iranienne a reçu une attention sans précédent. Ce problème ne peut effectivement plus être ignoré compte tenu de la question nucléaire. Ce n’est pas tant que l’Iran pourrait mener une attaque nucléaire, mais que Téhéran serait immunisé à toute mesure de rétorsion et ne se sentirait alors plus lié par les normes internationales.
L’idéologie anti-occidentale reste au cœur de la république islamique, même si la majorité des citoyens veulent se rapprocher de l’Occident. L’Iran a fondé le Jihad islamique, finance le Hezbollah et arme d’autres factions palestiniennes. D’après Ashraq al-Awsat, l’Iran accueille des membres d’Al Qaïda dans ses structures de la garde révolutionnaires les plus proches de la mer Caspienne. Les diplomates iraniens savent bien qu’une attaque d’Al Qaïda organisée en Iran serait un casus belli, mais si l’Iran avait une capacité nucléaire, il n’empêcherait plus ce groupe de frapper. Un Iran nucléaire aurait également un impact fort sur les Iraniens ordinaires et de nombreux partisans de la démocratie en Iran pensent que les autorités se lanceront dans une répression dix fois pire que la Chine à Tiananmen lorsqu’elles auront la bombe.
Malgré ce défi important, la politique états-unienne vis-à-vis de l’Iran reste confuse. Certains bureaucrates veulent se tenir à la promesse de Jimmy Carter et ne pas faire d’ingérence interne en soutenant les opposants, alors que d’autres militent ne ce sens. George W. Bush présente l’Iran comme un membre de l’« Axe du mal » et Richard Armitage comme une « démocratie ». Le National Security Council n’a jamais su s’il fallait négocier ou attaquer et la position médiane adoptée est la pire des solutions. Face à un nid de frelons, soit on le détruit, soit on l’ignore, mais on ne tape pas mollement dessus.
La vraie question pour l’administration Bush n’est pas de savoir si elle veut un Iran nucléaire, mais si elle peut supporter une république islamique nucléaire. Face à ce péril, l’indécision n’est plus de mise.

Source
Ha&8217;aretz (Israel)
Quotidien de référence de la gauche intellectuelle israélienne. Propriété de la famille Schocken. Diffusé à 75 000 exemplaires.

« Tapping the hornets’ nest », par Michael Rubin, Ha’aretz, 10 novembre 2004.