En deux ans, la stratégie de libéralisation du Moyen-Orient de l’administration Bush a bien changé. En avril 2003, Ken Adelman du Defense Policy Board exprimait son espoir que la prise de Bagdad pousse les dirigeants à prendre des mesures drastiques mais aujourd’hui, l’enthousiasme est retombé et même Paul Wolfowitz demande que les mesures adoptées conduisent graduellement vers la démocratie. Les rois arabes et les présidents à vie, exhortés à démocratiser leurs régimes il y a 20 mois, sont désormais présentés comme des agents du changement et lors du sommet au Maroc de la semaine dernière, Colin Powell n’a fait que soutenir des petites étapes.
Aujourd’hui, l’administration Bush agit comme si les dirigeants de la région souhaitaient vraiment mener des réformes économiques, mais qu’ils ne savaient pas comment faire et qu’il suffisait de le leur enseigner patiemment. En réalité, il n’y a pas de réformes car il n’y a pas de volonté de réformer. Les élites veulent rester au pouvoir et ils craignent toute transformation qui ferait vaciller leur autorité. C’est pour cela que l’Égypte et l’Algérie, dans les années 90, ont bien vite mis fin aux timides privatisations qu’elles avaient commencé après avoir constaté les bouleversements provoqués. La réforme ne peut advenir que si les États-Unis et l’Union européenne font pression pour que des réformes graduelles soient mise en œuvre. Les États-Unis et l’Union européenne doivent s’inspirer de la méthode employée pour libéraliser le Mexique et les pays d’Europe de l’Est : les changements politiques n’adviennent qu’avec la promesse de bénéfice commerciaux.
Le terrorisme islamiste est né à cause d’un dysfonctionnement du système politique et si on conserve une vision idéaliste, on arrivera à d’autres dysfonctionnements.
« Flagging winds of American idealism across the Middle East », par Ray Takeyh et Nikolas Gvosdev, Christian Science Monitor, 15 décembre 2004.
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