Je répète ce que j’avais déjà dit à Varsovie en 2003 : « Tous les Polonais, quel que soit leur parti, doivent travailler sans dissociation pour l’Europe ». Je crois que nous avons réussi à convaincre même le plus sceptique des paysans polonais, qui reçoit de conséquentes subventions. Je crois que nous sommes le seul pays pour lequel 90 % des demandes de subventions ont abouti. Nous avons des forces populistes anti-européenes et d’autres qui gagnent des points dans les sondages parce qu’elles sont contre le gouvernement et contre tous les changements opérés dans notre pauys depuis 15 ans. Mes pronostics concernant la constitution sont : 65 % pour et 25 à 30 % contre.
Je suis heureux que la « révolution orange » se soit si bien déroulée. Je ne me prononcerai pas sur une date mais je l’affirme haut et fort : l’Ukraine a sa place dans l’Union européenne. J’ai vu l’enthousiasme des simples gens ukrainiens et j’espère que les Allemands leur seront favorables. Ils ont deux expériences à partager avec les Ukrainiens, la transformation de l’ancienne RDA et la construction d’une forte implication au sein de l’Europe. J’ai l’impression que le président Köhler et le chancelier Schröder sont conscients de la difficulté du processus, mais qu’il faut expliquer sincèrement cette perspective aux Ukrainiens.
Je vais prendre part aux commémorations de la fin de la plus sanglante guerre de l’Histoire de l’humanité, le 9 mai à Moscou. Il s’agit de la victoire sur le fascisme. Je n’aurais pas participé à une commémoration de Yalta ou du pacte Ribbentrop-Molotov, ce pacte qui signifiait de-facto partage et occupation de la Pologne par deux grandes puissances, l’Allemagne nazie et l’Union Soviétique. Je comprends bien la position des pays baltes vis à vis de ces évènements dramatiques. Le nouveau partage de l’Europe, dont parle George W. Bush, auquel les Américains ont participé à l’époque, a refusé à beaucoup d’Européens la liberté de décider de leur destin. Beaucoup de pays ont été occupés, même si ce n’est pas directement, et tout cela doit être dit. Vladimir Poutine a l’occasion de faire valoir l’énorme sacrifice de la nation russe pour la victoire, mais il doit aussi admettre ce qui a eu lieu après la guerre. Nous attendons une reconnaissance morale de ce qui s’est passé. L’Allemagne nazie a commencé la guerre, cette vérité ne doit en aucun cas être relativisée, tout ce qui s’est passé ensuite en découle. Quand nous aurons l’impression qu’il n’y aura plus de volonté de relativiser quoi que ce soit, alors nous pourrons parler des expulsions et des compensations. Ma mère est née à Vilnius, j’ai un document du NKVD sur la migration forcée, ce sont des sujets sensibles. Nous sommes désormais réunis dans l’Union européenne et au sein de l’OTAN et c’est historique, nous devons entretenir un sentiment de confiance et de sécurité.
Je pense que l’ONU a plus besoin de réformes que l’OTAN, cette dernière peut être transformée sans la réformer en profondeur.
« Wer Geschichte relativiert, macht einen Fehler », par Aleksandre Kwasniewski, Die Welt, 28 Février 2005. Ce texte est adapté d’une interview.
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