On assiste en Russie au retour des méthodes autoritaires de gouvernement. On l’observe en Tchétchénie, dans l’affaire Yukos et dans le sort réservé aux médias. Face à ces dérives, l’Union européenne doit adopter une attitude sans ambiguïté et rappeler les valeurs fondamentales auxquelles la communauté internationale est attachée. Il ne faut pas considérer la Russie comme un pays à part, auquel ne s’appliqueraient pas ces règles universelles. Mais sa politique n’est pas jugée de la même façon que celle des autres pays. Nous devons mettre au point une politique commune vis-à-vis de la Russie, qui doit être lancée dès le prochain sommet UE-Russie.
Il ne faut cependant pas rompre le dialogue avec la Russie, mais il ne faut pas laisser croire à une fausse intimité ou présenter Vladimir Poutine comme un leader démocratique. Il faut regarder en face la façon dont la Russie provoque l’instabilité au Haut-Karabagh, en Transnistrie ou en Abkhazie. Il faut que l’Europe parle d’une seule voix, comme elle l’a fait pour l’Ukraine quand la Russie a appliqué une politique héritée de la tradition soviétique. Il faut un dialogue politique fondé sur la franchise et la vérité. C’est une condition indispensable si l’on veut que ce dialogue soit efficace.

Source
L&8217;Express (France)
Avec une diffusion à 550 000 exemplaires, L’Express est l’hebdomadaire phare de la Socpresse de l’avioneur Serge Dassault. le groupe détient aussi les quotidiens Le Figaro en France et Le Soir en Belgique, ainsi que l’hebdomadaire économique L’Expansion. Une version belge de L’Express est diffusée sous le titre Le Vif-L’Express.

« Ne pas encourager sa politique autoritaire », par Bronislaw Geremek, L’Express, 28 février 2005. Cette tribune fait partie d’une série de quatre textes sur la question « Faut-il cesser de ménager Vladimir Poutine ? ».