Le fait que la Bulgarie décide après l’Italie de retirer ses troupes n’est pas très important, c’est la reconstruction politique qui importe dans les deux ou trois années à venir en Irak. Si nous réussissons sans les Européens, ils auront honte ; si nous échouons, nous en paierons tous les conséquences car la région sera instable. L’Amérique ne gouverne pas le monde et elle ne doit pas essayer de le faire. La force douce n’est plus d’actualité en Irak, le pays doit protéger ses structures. Le cas de l’Iran est un bon test, aussi bien pour ce qui est du problème des armes de destruction massive que pour la coopération transatlantique. Si la diplomatie échoue, ce qui je pense est envisageable, nous devrons prendre d’autres mesures. Les Européens n’y sont pas prêts, pourtant si nous laissons faire l’Iran, alors l’Egypte, la Turquie et d’autres voudront aussi être des puissances nucléaires, le risque serait alors gros de voir les armes nucléaires finir dans les mains de criminels.
Les Européens disent « nous devons lever les sanctions contre la Chine mais nous ne livrons pas d’armes » ; la réaction de l’Amérique était prévisible bien que certains aient réagi de façon excessive selon moi. Les Européens doivent comprendre que George W. Bush est un président fort qui dirige un parti où les opinions sont diverses. Tous ceux qui connaissent Paul Wolfowitz savent qu’il s’est battu pour la démocratie et les progrès sociaux là où il a été en poste.
Je ne pense pas que le projet qui vise à autoriser les gens nés à l’étranger à se présenter aux élections présidentielles aboutisse ; les politiciens ne veulent pas de rivaux supplémentaires. Hillary Clinton va sûrement se présenter mais j’ai peur que les préjugés concernant les femmes ne s’expriment dans l’isoloir. Je suis né en Allemagne avant la guerre et j’ai un sentiment particulier pour ce pays. Les gens ont tendance à être très idéologiques aux États-Unis, mais l’idéalisme des États-uniens est très important pour le monde.
« Regieren die USA die Welt, Herr Kissinger ? », par Henry Kissinger, Die Welt, 27 mars 2005. Ce texte est adapté d’une interview.
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