Robert B. Zoellick est l’archétype de l’apparatchik du gouvernement états-unien : un esptrit technique brillant mais totalement dépourvu d’expérience du front. Pourtant, il a fait quelque chose ce mois ci qui a rendu honteux Tony Blair et Jack Straw. Lors de leur visite en Irak, les deux hommes n’ont jamais mis un pied en dehors de la zone verte. Lui, il a demandé à se rendre à Falloudja. Vous vous souvenez de Falloudja ? Cette ville de 300 000 habitants censée avoir été le foyer de la résistance sunnite ?
Les États-Unis ont tenté deux fois de détruire ce symbole de la résistance. La première fois, ce fut en avril de l’année dernière. Toutefois, quand l’offensive commença, même des politiciens qui avaient accepté ou soutenu la guerre ce sont opposés à ce qu’on bombarde une ville entière à cause de la présence de terroristes dans ses murs. La deuxième offensive eut lieu six mois plus tard. Elle fut précédée d’une grande campagne de propagande sur la présence de Zarkaoui dans la ville. L’offensive fut menée dans l’indifférence générale. Les Britanniques furent associés à cette attaque en envoyant des troupes pour bloquer les routes permettant de sortir de la ville. L’offensive fit entre 1300 et 2000 morts selon les sources. Tous ont été étiquetés " terroristes " par la coalition. Les journalistes embarqués ont filmé des abus sur des civils désarmés par les troupes états-uniennes.
Zoellick s’est rendu à Falloudja et il a entendu des Irakiens se plaignant des conditions de vie dans la ville depuis l’offensive et du comportement des troupes états-uniennes et irakiennes. Les témoignages recueillis par les journalistes lors de cette visite sont formels : l’offensive n’a rien fait pour calmer l’insurrection. Au contraire, des milliers de sans-foyers ont des raisons de haïr les États-Unis et leurs alliés. On peut au moins reconnaître à Zoellick le mérite d’être allé sur place voir les résultats. Blair et Straw ne l’ont pas fait. Ils n’ont pas voulu voir ce Guernica moderne.
« This is our Guernica », par Jonathan Steele et Dahr Jamail, The Guardian, 27 avril 2005.
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