Le monde musulman en entier s’est soulevé après la publication par Newsweek d’un article affirmant que les interrogateurs de Guantanamo, le plus fameux goulag américain, avaient jeté un Coran dans les toilettes. Il y a eu des manifestations violentes en Afghanistan et des dirigeants musulmans ont demandé que les coupables soient jugés. Condoleezza Rice a promis d’enquêter sérieusement sur le sujet juste avant que le rédacteur en chef de Newsweek suggère que son magazine avait pu se tromper. Apparemment, un porte-parole du Pentagone a dit au journal que les militaires n’avaient trouvé aucune preuve d’un tel acte. Conséquence ? Tout le monde peut rentrer chez lui et oublier cette histoire.
Toutefois, avant d’oublier totalement cette question, il faudrait se souvenir que ce n’est pas la première fois que des événements de cette sorte sont rapportés, même si ceux-là n’ont pas eu le droit d’être diffusés par les médias de masse. En se fondant sur les témoignages d’anciens détenus de Guantanamo ou d’autres sources Human Right Watch, Amnesty International, Associated Press ou le Daily Mirror ont tous fait part d’événements étayant la thèse initiale de Newsweek. Le démenti du magazine est donc une insulte à notre intelligence.
Ce que reflète avant tout cette histoire c’est que l’administration Bush ne rend absolument pas son armée ou ses mercenaires (pardon, ses sous-traitants) responsables des abus commis. Les Britanniques ne semblent pas faire mieux. Ce n’est pas comme cela que la guerre au terrorisme peut être gagnée car elle apparaît dans ces conditions comme une guerre à l’islam et cela ne peut qu’augurer de crises futures.

Source
Gulf News (Émirats arabes unis)
Gulf News est le principal quotidien consacré à l’ensemble du Golfe arabo-persique, diffusé à plus de 90 000 exemplaires. Rédigé à Dubaï en langue anglaise, il est principalement lu par la trés importante communauté étrangère vivant dans la région.

« Did Newsweek really err ? », par Linda S. Heard, Gulf News, 17 mai 2005.