Dans un pur réflexe de communication sarkozyenne, la presse française célèbre l’accord signé entre la Ligue arabe et la Syrie comme une reculade de Bachar el-Assad. Identiquement, elle s’était félicité deux jours plus tôt de la proposition de résolution russe au Conseil de sécurité qu’elle avait présentée comme une reculade de Vladimir Poutine.
En réalité, la proposition russe est une reprise du texte russo-chinois présenté avant le veto, tandis que le Protocole de la Ligue arabe est la reprise de la proposition syrienne d’avant les sanctions. Ni les Russes, ni les Syriens n’ont perdu un pouce de terrain. Ce sont les Occidentaux qui acceptent de considérer maintenant un texte qu’ils rejetaient hier, et la Ligue arabe qui accepte de lever ses sanctions et de signer un Protocole dont elle ne voulait pas entendre parler jusque là.
La presse du Golfe n’est pas en reste. Elle décrit aussi la signature de ce Protocole comme une victoire du Conseil de coopération du Golfe (dont les monarques sont actuellement réunis à Riyad) et attribue le « changement syrien » à des pressions russes.
Le Daily Star de Beyrouth décrit la crise économique syrienne : la livre a perdu 25 % de sa valeur, et le PNB a baissé de 20 %. Cependant, le quotidien n’évoque pas les conséquences encore plus désastreuses de la crise sur certains Etats riverains, notamment la Jordanie. Après avoir vanté l’effet dévastateur des sanctions économiques contre Damas de nombreux journalistes se trouvent incapables d’expliquer pourquoi la Ligue arabe les abroge soudain. Mais, l’événement ce n’est pas l’autorisation d’observateurs étrangers —il y en a déjà—, c’est la levée des sanctions économiques arabes.
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