Il semble que durant les 53 jours restant avant le désengagement de Gaza, chaque colon sera interviewé par un média israélien ou un autre. L’obsession de la dimension humaine de ce retrait est compréhensible, mais le silence assourdissant sur ce qui adviendra par la suite est un problème. La stratégie d’Ariel Sharon dans ce plan de désengagement n’est pas étudiée. Appelons-la « Après Gaza, davantage de Gaza ». Voilà à quoi elle ressemble : le désengagement de Gaza et du Nord de la Cisjordanie est très compliqué et il faut régler un tas de questions avec l’Autorité palestinienne. Comme les discussions ont commencé (intentionnellement ?) très tard, il est douteux que tout soit terminé en 53 jours. Cela va prendre des mois pour tout régler.
Pendant cette période de flottement et de discussion, l’opposition ne peut pas combattre le gouvernement, on ne peut pas organiser d’élections anticipées et les seuls points qui seront discutés seront ceux en lien avec le retrait de Gaza. En gros, nous aurons un processus de paix miniature dont les termes seront encadrés par Sharon : pas de « feuille de route », pas de nouveau désengagement, pas de discussion sur le statut final. Pour Sharon, c’est bien joué, mais pas pour Israël.
Une telle tactique ne fera que renforcer le Hamas au détriment de l’Autorité palestinienne. Cette stratégie doit être contestée par les réalistes à la Knesset, par le Quartet international et par l’Autorité palestinienne. Il faut que l’Autorité palestinienne revoie ses demandes sur le statut final, le Quartet doit redéfinir la feuille de route pour l’adapter aux nouvelles réalités et une grande coalition des réalistes doit se constituer à la Knesset.

Source
Ha&8217;aretz (Israel)
Quotidien de référence de la gauche intellectuelle israélienne. Propriété de la famille Schocken. Diffusé à 75 000 exemplaires.

« After Gaza, more Gaza », par Daniel Levy, Ha’aretz, 24 juin 2005.