« La défense du XXIème siècle »
Defense for the 21st Century
Washington Post (États-Unis)
[AUTEUR] [Donald Rumsfeld] est secrétaire à la Défense états-unien.
[RESUME] Hier, le sénateur Ike Skelton a soulevé dans ces pages (ndlr : voir notre résumé) des objections au projet de transformation de la défense présenté par l’administration Bush au Congrès. Malgré le respect que j’ai pour lui je ne partage pas son point de vue.
Comme il l’a fait remarquer lui-même, la dernière réforme d’envergure du département de la Défense date de 1986, en pleine Guerre froide. Or aujourd’hui, nous devons faire face à de nouvelles menaces qui sont différentes de celles de cette époque et qui nécessitent que nous soyons plus rapides et plus flexibles ; des qualités qui nous font défaut aujourd’hui. Les terroristes sont passés à l’âge de l’information alors que nous avons encore une lourdeur bureaucratique digne de l’âge industriel. Ainsi, aujourd’hui, 300 000 militaires occupent des postes civils au Pentagone. C’est une anomalie.
C’est pour cela que nous demandons que :
– Nous disposions de plus de flexibilité dans la gestion du personnel.
– Des dérogations aux règles environnementales pour que nos troupes puissent s’entraîner dans les conditions de combat.
Nous devons adopter ces règles rapidement car les menaces sont ici et maintenant. Nous devons prévenir de nouvelles attaques qui cette fois ci ne feront pas 3 000 morts, mais dix ou cent fois plus. Cela ne signifie pas la fin du contrôle parlementaire, cela signifie simplement qu’il nous faut plus de flexibilité.
« Les États-Unis contre l’Union Européenne »
Les États-Unis contre l’Union Européenne
Réseau Voltaire (France)
Cet article est tout d’abord paru dans le Wall Street Journal (États-Unis).
[AUTEUR] Robert Zoellick est le négociateur des États-Unis pour l’AGCS.
[RESUME] Les États-Unis, l’Argentine, le Canada, l’Egypte et neuf autres pays ont demandé à l’Union Européenne de lever son moratoire sur les OGM, conformément aux règles de l’OMC.
La biotechnologie va permettre des gains de productivité agricole et un meilleur respect de l’environnement en rendant l’usage des pesticides obsolète et en produisant des aliments plus sains pour l’organisme. Or par son moratoire sur les OGM, l’UE viole ses propres règles et refuse d’écouter la raison et la science. Elle a en outre propagé une peur irrationnelle qui a poussé certains pays africains souffrant de la famine à refuser une aide alimentaire américaine par crainte des OGM. Les décisions de l’Europe débordent de ses frontières car elle importe beaucoup de produits agricoles et ses partenaires ne veulent donc pas non plus d’OGM.
Le monde attend depuis cinq ans que les dirigeants européens changent leur politique comme ils l’ont promis, mais à chaque fois ce changement est repoussé. Pourtant, partout dans le monde, la biotechnologie a démontré ses bienfaits. Certains prétendent que nous cherchons à imposer les OGM aux consommateurs européens alors que nous ne voulons que leur donner le choix. Nous espérons que ce débat incitera finalement l’UE à mettre fin au moratoire.
« Une victoire en danger »
A Victory at Risk
Washington Post (États-Unis)
[AUTEUR] Richard G. Lugar est sénateur républicain de l’Indiana et président de Commission des affaires étrangères du Sénat.
[RESUME] Nous avons obtenu un succès rapide en Irak, mais aujourd’hui notre victoire est en danger car nos troupes sont confrontées aux difficultés de la reconstruction de l’Irak de l’après-guerre liées à la vacance du pouvoir.
Nous avons aujourd’hui une opportunité unique de changer le paysage politique de la région. L’Irak a les caractéristiques nécessaires pour devenir une démocratie et pour promouvoir les réformes démocratiques dans la région. En outre, en démontrant que nous avons conduit la guerre pour la liberté et pas pour le pétrole, nous avons porté un coup à la propagande anti-américaine qui alimente le terrorisme. Toutefois, transformer l’Irak ne sera pas facile, rapide ou bon marché et le plan de l’administration Bush pour la reconstruction de l’Irak était inadéquat.
Je regrette que ni l’administration Bush, ni le Congrès, n’ait mesuré la véritable ampleur du travail et n’y ait préparé la population américaine. Il faut que l’administration expose clairement les coûts réels de la reconstruction. La Commission des affaires étrangères a fixé ses estimations à 100 milliards de dollars. Nous devons nous demander si nous avons assez de troupes en Irak car la reconstruction passe par le retour de l’ordre. Nous devons également connaître la stratégie pour la transition politique qui devra chasser les Baasistes sans permettre l’avènement d’une théocratie chiite ou un accroissement de l’antiaméricanisme. L’occupation sera longue et nous ne pourrons partir que quand l’Irak sera de nouveau un membre de la communauté internationale.
Notre victoire en Irak ne sera pas jugée sur le plan militaire, mais par l’évolution du pays.
« Une lettre ouverte à George W. Bush »
An open letter to George W. Bush
Jerusalem Post (Israël)
[AUTEURS] [Gary Bauer] est président de American Values et ancien candidat à l’investiture républicaine à l’élection présidentielle de 2000. Il a rédigé cette lettre qui a été également signé par :
Frank Eiklor, Shalom International ; le révérend Jerry Falwell, Liberty University ; Joseph Farah, WorldNetDaily ; Janet Folger, Faith-2-Action ; le révérend John Hagee, John Hagee Ministries ; Richard Hellman, The Christians’ Israel Public Action Campaign ; James Hutchens, Christian Friends of Israël ; Dr. D. James Kennedy, Coral Ridge Ministries ; Dr. Richard Land ; The Religious & Ethics Commission of the Southern Baptist Convention ; Ester Levens, National Unity Coalition For Israël ; David A. Lewis, Christians United For Israël ; Michael Little, The Christian Broadcasting Network ; Marlin Maddoux, USA Radio Network ; Ed McAteer, Religious Roundtable ; Elwood McQuaid, Friends of Israel ; George Morrison, Faith Bible Chapel International ; William Murray, Religious Freedom Coalition ; Lou Sheldon, Traditional Values Coalition ; William E. Sutter, Friends of Israël.
[RESUME] Monsieur le président,
Vous avez pris la courageuse décision de renverser Saddam Hussein et de promouvoir la démocratie au Moyen-Orient. Ces décisions offrent une réelle opportunité de vaincre le terrorisme. C’est pourquoi nous tenons à vous faire part de notre préoccupation vis-à-vis de la « feuille de route ».
Dans ce plan, vous exigez que les Palestiniens aient une nouvelle direction, qui n’ait plus rien à voir avec le terrorisme, mais cette exigence est minée par les autres membres du « Quartet ». En outre, la moitié des Palestiniens est encore favorable au terrorisme et ils se sont réjouis des attentats du 11 septembre 2001 comme ils se sont réjouis des attentats suicides en Israël ou des problèmes qu’ont rencontrés nos troupes en Irak au début de l’offensive.
La seule façon de réussir est que l’Autorité Palestinienne cesse de soutenir la propagande antijuive inspirée des nazis, que les groupes terroristes soient démantelés et qu’Israël puisse se défendre sans subir de pressions.
Nous espérons, Monsieur le président, que vous allez adhérer à ces principes lors des négociations qui vont s’amorcer dans les mois à venir.
[CONTEXTE] Le Réseau Voltaire a consacré un article sur les liens entre les fondamentalistes chrétiens états-uniens et l’extrême droite israélienne : « Les fondamentalistes pour la guerre »
« Face à George W. Bush, trois propositions »
Face à George W. Bush, trois propositions
Le Monde (France)
[AUTEUR] Hubert Védrine est ancien ministre des Affaires étrangères français (1997-2002).
[RESUME] La France en a peut-être trop fait contre la guerre en Irak ou n’a pas utilisé le bon ton comme certains le prétendent aujourd’hui, mais Paris ne pouvait pas cautionner à l’ONU la guerre préprogrammée et fallacieusement argumentée de George W. Bush. Toujours est-il que personne n’a pu empêcher le président américain de déclencher cette guerre à l’heure dite et d’entamer la « démocratisation » de l’Irak ; étrange démocratisation qui prétend s’opposer aux desiderata de la majorité chiite.
Aujourd’hui le déclenchement d’une nouvelle guerre préventive ou la relance du processus de paix israélo-palestinien ne dépend plus que de lui, des rapports de force à Washington ou des perspectives électorales de 2004. On peut espérer que l’unilatéralisme n’est qu’une parenthèse, mais il semble demeurer une composante durable de la politique américaine.
Même si l’empire se veut bienveillant, ses prétentions sont la négation du droit international et de toute communauté. Toutefois notre position sera faible face à la contre-révolution américaine si l’on se contente de plaider le maintien du système actuel ; Il faut au contraire défendre une réforme de l’ONU et un monde réformé. Il faut modifier le chapitre sept de la Charte des Nations Unies pour y inclure le droit de défendre les populations et intégrer l’Allemagne, le Japon, l’Inde, un pays arabe, un pays africain et un pays latino-américain comme membres permanents du Conseil de sécurité. Si nous ne faisons rien, l’ONU sera délaissée.
La France doit également convaincre les Européen réticents de surmonter leurs préventions vis-à-vis de l’Europe puissance et démontrer qu’elle est réalisable et utile au monde et aux Européens. Le travail à fournir pour convaincre les opinions dans ce domaine est immense et Jacques Chirac, Tony Blair et Gerhard Schroeder devraient se rencontrer sur ce sujet.
Nous devons aussi soutenir la réforme et la démocratisation du Proche-Orient, mais à notre façon, et défendre la création d’un État palestinien. Face à l’unilatéralisme de l’administration Bush, nous devons opposer un multilatéralisme revigoré.
« Détruire les armes de destruction massive »
Destroying WMD
Washington Times (États-Unis)
[AUTEUR] Duncan Hunter est député républicain de Californie et président de la commission des forces armées de la Chambre des représentants.
[RESUME] Le monde entier est en faveur de la lutte contre les armes de destruction massive du moment que ce sont les États-Unis qui en paient le prix. Lors du sommet du G8 du 1er au 3 juin en France, la question des armes de destruction massive sera soulevée. Les pays les plus riches doivent comprendre à cette occasion qu’ils doivent s’engager financièrement dans cette lutte.
Au sommet du Canada l’an dernier, le G8 avait adopté un ambitieux plan pour soutenir les efforts de désarmements des pays de l’ancienne URSS. Ce projet prévoyait que les États-Unis versent dix milliards de dollars dans ce but en dix ans et les autres pays du G8 et la Commission européenne devaient verser une somme équivalente. Malheureusement, ils ne vont en payer que six alors que les États-Unis augmentent leurs dépenses dans ce domaine. Cela illustre la tendance des Européens à ne pas suivre les efforts des États-Unis. Le président Bush doit demander une plus large contribution à nos partenaires.
La Commission des forces armées de la Chambre des représentants préconise la création de mécanismes de financement pour honorer nos engagements en matière de non-prolifération et intensifier la surveillance du désarmement. Cette loi va permettre plus de transparence et d’efficacité, mais elle ne doit surtout pas servir d’excuses pour que les autres pays ne respectent pas leurs engagements en matière de non-prolifération.
« L’Union Européenne et l’Europe du Sud-Est ont besoin l’une de l’autre »
The EU and Southeastern Europe need each other
International Herald Tribune (États-Unis)
[AUTEURS] Stjepan Mesic est président de la République de Croatie, Boris Trajkovski est président de la République de Macédoine, Zoran Zivkovic est Premier ministre de Serbie et Fatos Nano est Premier ministre d’Albanie.
[RESUME] L’adhésion de dix nouvelles nations à l’Union Européenne va transformer l’Union et faire du continent le plus grand marché du monde de l’Histoire, tout en mettant un terme aux guerres du XIXème et du XXème siècle. Toutefois, tant que l’Europe du Sud-Est ne sera pas intégrée, le travail ne sera pas fini et l’Europe ne sera pas totalement en sécurité.
Nos pays ont fait de profondes réformes politiques, économiques et sociales et ont régulièrement réaffirmé leur souhait d’adhérer aux structures européennes et euro-atlantiques. Nous savons que l’intégration à l’UE demandera encore plus d’efforts, mais nous souhaitons que le sommet de Thessalonique offre une opportunité aux membres de l’UE et aux pays d’Europe du Sud-Est de poser les bases de progrès concrets.
Nous devons lutter contre le chômage, contre le crime organisé et pour le respect du droit. Nous devons également travailler avec l’UE pour que l’argent que nous recevons soit dépensé plus efficacement. Ce que l’UE a réussi avec l’Irlande, la Grèce, l’Espagne et le Portugal, elle peut y parvenir avec nos pays.
« CNN à la française : une voix vitale »
CNN à la française : une voix vitale
Libération (France)
[AUTEUR] Chris Patten est commissaire européen britannique chargé des relations extérieures.
[RESUME] Je pense que la création d’un « CNN à la française » est une bonne idée car le pluralisme mondial a besoin de plus de voix pour se faire entendre. L’une de ces voix doit être française.
À l’époque où j’étais ministre du développement extérieur de Margareth Thatcher, celle-ci critiqua la BBC parce que la chaîne avait reproduit les propos du dictateur kenyan. La Premier ministre avait affirmé que la BBC nuisait à l’intérêt national grâce à l’argent des contribuables. Je pensais alors au contraire que la recherche de la vérité par la BBC, qualité reconnue de cette chaîne, faisait beaucoup plus pour promouvoir la démocratie libérale que d’autres initiatives de haut vol.
Concernant le projet français, je sais que, malheureusement, certains plaident pour une gestion publique de cette nouvelle chaîne mondiale pour éviter tout désaccord embarrassant avec la politique que suivra le gouvernement. La France est une grande et ancienne démocratie avec une solide tradition de liberté de parole et un récent débat sur les relations entre presse et pouvoir. Si la France veut concurrencer CNN et la BBC, le plus important est que sa chaîne soit crédible et qu’elle soit donc indépendante.
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