« Laisser les Israéliens et les Palestiniens voter sur l’accord final »
Let Israelis and Palestinians vote on a final settlement
The Guardian (Royaume-Uni)
[AUTEURS] Hussein Agha est membre du St Antony’s College d’Oxford et a été impliqué dans les relations israélo-palestinienne depuis plus de 30 ans. Robert Malley est directeur du Middle East Program de l’International Crisis Group. Il a été l’assistant spécial du président Bill Clinton sur la question israélo-arabe (1998-2001).
[RESUME] Le processus de paix israélo-palestinien est fondé sur une approche étape par étape devant aboutir à une négociation sur le statut final qui ne peut qu’échouer. Il est temps d’en finir avec les petites étapes.
Après des années de discussions, nous savons ce qu’un accord acceptable par les deux partis pourrait être et nous devons y parvenir avant d’arriver à une situation catastrophique. Pour cela, il faut soumettre l’accord final au vote des Israéliens et des Palestiniens.
L’échec de la « feuille de route » provient de son manque de clarté quant à la solution espérée in fine, même si elle reconnaît qu’elle devrait aboutir à la solution des deux États. Pour l’instant, sans solution finale bien définie, aucun des deux adversaires n’accepte de faire de concessions ou de se soumettre à ses obligations. Les dirigeants politiques doivent, de plus, subir la pression de leur opposition interne respectives.
Voilà une stratégie qui a bien plus de chance de réussir : les États-Unis, l’ONU, l’Union européenne, la Russie et les pays arabes et musulmans doivent définir un accord final non négociable, respectant les besoins des deux côtés. Le plan prévoira l’installation provisoire d’une force internationale, dirigée par les États-Unis, mandatée pour administrer temporairement les territoires dont se seront retirés les troupes israéliennes. Elle devra transmettre à l’Autorité palestinienne la souveraineté sur ces territoires quand elle y sera prête. Ce plan ne sera pas soumis à l’approbation des dirigeants israéliens et palestiniens, mais il leur sera demandé de le soumettre au vote de leur population.
L’implication d’une tierce partie appliquant un plan librement consenti par les population et bénéficiant d’une légitimité populaire est le seul moyen de sortir de l’impasse des discussions entre deux camps ne se faisant pas confiance. En appliquant cette politique, les États-Unis seraient perçus comme les libérateurs des Arabes et les protecteurs des intérêts vitaux d’Israël et George W. Bush pourrait atteindre une partie de ses objectifs au Proche-Orient.
« Être juif »
Being a Jew
Jerusalem Post (Irsaël)
[AUTEUR] Moshe Katsav est président de la république d’Israël.
[RESUME] Daniel Pearl déclarait, avant de se faire tuer par ses ravisseurs, « je suis juif ». Être juif, c’est appartenir à une croyance en un Dieu et en des valeurs universelles qui ont accompagné l’humanité depuis 3313 ans. Être juif, c’est appartenir à un peuple qui a montré sa détermination et sa ténacité face aux tourments d’une longue histoire. Être juif, c’est appartenir à une nation qui a perdu à deux reprises son indépendance. Le peuple juif est une nation qui a connu ensuite 2000 ans d’exil, de conversions forcées et de souffrances qui trouvent sa terrible apothéose dans l’Holocauste. Aujourd’hui, les juifs arrivent à obtenir la souveraineté et l’indépendance dans leur pays d’origine.
Le peuple juif a rétablit son État : libéral, moderne et démocratique, ce pays se base sur la vision des prophètes d’Israël et des valeurs morales du judaïsme. Le judaïsme met en avant les valeurs de solidarité mutuelle, de justice sociale consciente des besoins et des faiblesses de chacun. Cette conscience est le début de notre rédemption.
Il n’y a pas de conflit entre le judaïsme, la chrétienté et l’Islam. La chrétienté repose sur les mêmes bases que le judaïsme et le monde musulman a su intégrer les juifs exilés pour engendrer une grande période de développement culturel pour toute l’humanité.
Toutes les composantes du peuple juif sont liées les unes aux autres, toutes les parties de la nation sont liés par un lien spirituel et émotionnel et le partage d’un passé commun et d’une destinée commune.
« Difficile de trancher sur la question des assassinats ciblés »
Difficult to Draw a Bead on Issue of Targeted Killings
Los Angeles Times (États-Unis)
[AUTEUR] Michael Walzer est philosophe, historien de la pensée politique et théoricien de la « guerre juste ». Il est membre de l’Institute for Advanced Study de l’Université de Princeton et administrateur de l’université hébraïque de Jérusalem.
[RESUME] La guerre au terrorisme a vu se développer officiellement la politique des assassinats ciblés, d’abord en Israël, puis aux États-Unis et, je le soupçonne, dans tous les pays qui doivent faire face à une menace terroriste.
Si ces frappes ciblées, sont préférables à des frappes non-ciblées tuant des innocents et si elles peuvent sauver des vies en empêchant ou en repoussant des attentats, il s’agit quand même d’exécution sans jugement. Reprenons le cas des six activistes d’Al Qaïda (ou au moins présentés comme tel par les États-Unis) tués par un missile Hellfire au Yémen en novembre dernier. S’ils avaient été tués un an plus tôt dans les mêmes conditions en Afghanistan, tout le monde aurait considéré qu’il s’agissait d’un acte de guerre et l’aurait accepté. Mais s’il avait eu lieu dans les rues de Philadelphie, il aurait heurté car les conditions étaient rassemblés pour une arrestation et un procès. Le Yémen est dans une situation intermédiaire car il ne s’agit pas d’un pays en guerre, mais certaines parties du territoires ne sont pas contrôlées par le gouvernement et servent de refuge aux terroristes. Il faut aider le gouvernement yéménite à rétablir la loi sur son territoire, mais il s’agit d’un processus long et, après le 11 septembre qui était une déclaration de guerre, il me semble moralement juste de combattre directement les militants d’Al Qaïda.
Il y a cependant deux limites à apporter à ce type de frappes : il faut être sûr de frapper un coupable et, surtout, il faut s’assurer qu’il n’y aura pas de victimes collatérales. La frappe au Yémen a respecté ces limites et c’est aussi le cas de certaines frappes israéliennes, mais certaines n’auraient pas dû être menées. Il faut à tout prix éviter de toucher des victimes innocentes.
« Un mouvement peu judicieux ? »
An ill-advised move ?
Washington Times (États-Unis)
[AUTEUR] [Frank J. Gaffney Jr.] est président du Center for Security Policy, le think tank qui rassemble les principaux « faucons » états-uniens. Le Réseau Voltaire lui a consacré une enquête : « Le Centre pour la politique de sécurité : les marionnettistes de Washington ».
[RESUME] A la veille du second anniversaire des attentats du 11 septembre, George W. Bush a offert au pays une évaluation visionnaire, courageuse et correcte des progrès enregistrés dans la guerre au terrorisme et de sa stratégie pour la mener et la gagner. Malheureusement, les affirmations du président concernant le combat contre le terrorisme dans le monde est sapé par de récentes actions menées en son nom.
En effet, le secrétaire d’État, Colin Powell, a reçu l’autorisation d’aller chercher un mandat de l’ONU pour l’après guerre en Irak. Au mieux, cela apparaîtra comme la reconnaissance par le président de l’échec de la libération de l’Irak dirigée par les États-Unis, au pire comme une nouvelle renonciation face à une difficile et coûteuse mission internationale. Cette annonce intervient alors que d’autres signaux alarmants apparaissent. Ainsi, on peut craindre un retour à la politique de Bill Clinton à propos de la crise coréenne. L’administration Bush vient de renoncer à présenter une résolution contre la menace nucléaire de l’Iran islamofasciste et hormis Donald Rumsfeld, nos dirigeants ne semblent pas vouloir contrer l’action syrienne en Irak. Malgré les démonstrations du sénateur républicain de l’Arizona Jon Kyl prouvant les liens de l’Arabie saoudite avec les réseaux terroristes, Washington continue de considérer Riyad comme un partenaire dans la guerre au terrorisme. Enfin, Powell a récemment déclaré que les relations avec la Chine n’avaient jamais été aussi bonnes depuis le voyage de Nixon en 1972, alors qu’il s’agit d’un « compétiteur stratégique » et qu’elle menace Taiwan.
La différence entre la fermeté du propos et les actions menées semble être le résultat de la stratégie électorale mise en place par Karl Rove. Celle-ci exige qu’il n’y ait plus de guerre en 2004. Au contraire, s’il veut être pris au sérieux, Bush ne doit pas créer un décalage entre le discours et les actes et être mieux conseillé. C’est de la sécurité nationale dont il est question.
« Un bon accord pour les Chypriotes, et pour le monde »
A good deal for Cypriots - and for the world
International Herald Tribune (États-Unis)
[AUTEURS] Henri J. Barkey est professeur de relations internationales à la Lehigh University et a travaillé sur la question chypriote au département d’État sous la seconde administration Clinton. Philip H. Gordon est chercheur à la Brookings Institution à Washington. Il est ancien directeur des affaires européennes du National Security Council et consultant à la Rand Corporation.
[RESUME] Les réformes concernant le rôle de l’armée dans la vie politique, le développement de la liberté d’expression et le renforcements des droits civils et de ceux des minorités adoptés par le parlement turc démontrent que le nouveau gouvernement de ce pays veut sincèrement rejoindre l’Union européenne. Les dirigeants européens ont applaudi cette politique et Gunther Verheugen, le commissaire européen aux affaires extérieures a déclaré qu’il serait désormais difficile de ne pas négocier l’admission de la Turquie dans l’Union européenne si les réformes se poursuivaient à ce rythme.
Toutefois, il semble impossible politiquement que la Turquie devienne membre de l’Union si le problème chypriote n’est pas résolu car la Grèce et le gouvernement grec chypriote poseraient leur veto. La question de Chypre est donc centrale pour les 70 millions de Turcs, les relations de l’Union européenne avec le monde musulman et pour toute la région méditerranéenne.
Kofi Annan avait proposé un compromis qui créait une nouvelle confédération et respectait les droits de la minorité turque tout en permettant la réconciliation, mais il a été rejeté par Rauf Denktash, soutenu par les durs à Ankara qui s’opposent à la politique de l’actuel gouvernement. Un rejet de la candidature turque à cause de la question chypriote pourrait entraîner une dérive nationaliste et la fin du processus de réforme. L’Union européenne et les États-Unis doivent s’impliquer et demander la réunion d’un mini sommet rassemblant la Turquie, la Grèce et les deux communautés chypriotes. Il faut donner aux parties en présence jusqu’à décembre pour s’entendre sur la base du compromis de Kofi Annan. Si Denkatsh accepte, les États-Unis et l’UE fourniront une aide économique et les chypriotes turcs deviendront membres de l’Union en même temps que le reste de l’île. Si au contraire, il maintient son opposition, les Chypriotes turcs resteront pauvres et isolés, la demande d’accession turque sera rejetée et il devra s’en expliquer devant la population.
« Penser d’abord aux pays pauvres »
Penser d’abord aux pays pauvres
Le Figaro (France)
[AUTEURS] Eveline Herfkens est Coordinatrice exécutive du secrétaire général des Nations unies de la campagne sur les objectifs du millénaire pour le développement. Nicholas Stern ; économiste en chef de la Banque mondiale et premier vice-président.
[RESUME] La réunion de l’OMC à Cancun est une occasion de lutter contre la pauvreté dans le monde. Nous saurons, au terme de ces négociations, si la conférence de Doha lancée il y a deux ans est capable de soutenir le développement ou si le système commercial multilatéral continuera à marginaliser des milliards de pauvres.
Si les négociations de Doha débouchent sur une réduction des plafonds et des tarifs douaniers moyens dans les pays riches et les pays en voie de développement, 144 millions de personnes sortiront de la pauvreté d’ici à 2015. En revanche, si les pays riches refusent de prendre des mesures difficiles et que les lobbies puissants de ces pays continuent à monopoliser les politiques commerciales, les échanges seront toujours faussés.
Les subventions et les pratiques protectionnistes faussent les prix internationaux et appauvrissent des millions de petits agriculteurs qui gagent moins de un dollar par jour. A quel point les pays riches sont-ils prêts à faire des concessions ? Tous les pays doivent combattre ensemble la faim, la pauvreté et les inégalités, et travailler en faveur de l’éducation, de l’environnement, de la santé et de l’accès à l’eau potable.
Pour soutenir réellement le développement, il faudra :
– réduire les plafonds tarifaires à 10 %
– éliminer les subventions à l’agriculture,
– condenser les tarifs de production,
– permettre l’accès aux produits pharmaceutiques à des tarifs abordables
– aider les travailleurs temporaires des pays en développement à trouver leur place dans le marché de l’emploi des pays riches.
Sans cela, Doha sera un échec.
« La corrosion interne de l’integrité du Parti travailliste »
The corrosion of integrity at Labour’s heart
The Independent (Royaume-Uni)
[AUTEUR] Clare Short était secrétaire d’État britannique au développement national dans le gouvernement travailliste de Tony Blair. Elle a démissionné du gouvernement après la guerre en Irak.
[RESUME] Les dix derniers jours ont vu se produire des évènements importants avec la démission d’Alastair Campbell, le témoignage de Miss Kelly et celui d’un responsable des services de renseignement de la Défense affirmant que le dossier irakien avait été exagéré. Ces évènements démontrent le manque d’intégrité et la concentration excessive du pouvoir dans le gouvernement de Tony Blair.
Le Premier ministre a mis l’accent sur l’apparence au dépend de la politique. Certains journalistes ont vu la démission de Campbell comme un coup dur pour le Parti travailliste car ils sont persuadés que c’est lui et Blair qui nous ont fait gagner les élection. S’ils ont sans doute permis à la victoire électorale d’être plus nette, la victoire est advenue parce que le parti était prêt à gagner au terme d’un processus de rénovation politique amorcé en 1983, soit bien avant que Blair et Campbell n’entrent en jeu.
Le Dr Kelly pensait, comme beaucoup, que Saddam Hussein développait des armes chimiques et biologiques et défiait la communauté internationale depuis trop longtemps. Par contre, il estimait, comme beaucoup au ministère de la Défense qu’il fallait être exact. Il avait fait part à la presse des exagérations constatées dans le dossier du gouvernement. Le gouvernement est alors entré en guerre contre la BBC et a exercé une pression excessive sur le Dr. Kelly, le poussant au suicide.
Tout est parti de la tromperie du gouvernement sur la seconde résolution de l’ONU et s’ajoute à l’incompétence qui entraîne et a entraîné tant de morts en Irak. C’est une honte pour mon parti, pour le gouvernement et pour le pays.
Restez en contact
Suivez-nous sur les réseaux sociaux
Subscribe to weekly newsletter