La conférence hâtive à la Maison-Blanche avec L. Paul Bremer révèle clairement que l’administration Bush sait que son programme en Irak est en train d’échouer : l’« irakisation » des forces de sécurité ne diminue pas le nombre d’attaques contre la coalition, le Conseil de gouvernement irakien n’avance pas dans la rédaction de la constitution et un nouveau rapport démontre que les Irakiens sont de plus en plus hostiles à la présence américaine. C’est pour cela que l’administration Bush veut transformer le Conseil de gouvernement en vrai gouvernement provisoire autonome, point de départ d’une nouvelle stratégie de départ qui n’est pas subordonnée à l’instauration de la démocratie.
Alors qu’il avait d’abord était question de reconstruire politiquement le pays avant de reformer l’armée, on a désormais décidé de reformer une armée sans tenir compte du poids qu’elle a traditionnellement sur les instances politiques du pays. Pire, l’administration Bush et l’Autorité provisoire de la Coalition en Irak estiment que la participation démocratique des Irakiens à la rédaction de la constitution serait contre-productive et ils l’ont confiée à un petit comité non-élu. Pourtant, si Washington ne soutient pas la formation rapide d’une assemblée constituante élue ses efforts contre terroristes et contre insurrectionnels ont peu de chances de fonctionner.
L’Ayatollah Sistani, la personne la plus respectée d’Irak, a rejeté toute constitution qui ne serait pas rédigée par un corps élu. Pour faire face à cette exigence, il est aujourd’hui question de former une assemblée hybride dont la moitié des membres serait élue par les collectivité locales et les tribus et l’autre nommée. Cela ne ferait qu’amplifier les troubles dans l’assemblée où les membres élus seraient bien plus légitimes que ceux nommés. En outre, une telle solution fâcherait le grand Ayatollah, grâce auquel les chiites ne se sont pas encore soulevés. Si nous ne démocratisons pas l’Irak, nous serons vus comme des occupants.

Source
New York Times (États-Unis)
Le New York Times ambitionne d’être le premier quotidien global au travers de ses éditions étrangères.

The Sabotage of Democracy