En transférant la souveraineté formelle aux dirigeants irakiens, l’administration Bush a lié ses espoirs et probablement les chances de réélections de George W. Bush à deux suppositions : les Arabes sunnites d’Irak seront moins tentés par le soutien à l’insurrection s’ils entrevoient la fin de l’occupation et Iyad Allaoui est un Arabe chiite qui sera aussi bien accepté par les sunnites que par les chiites. Ces deux postulats sont raisonnables.
Les actions de guérilla des sunnites pourraient décroître si les insurgés voient que les opérations de contre-insurrection ne sont plus sous contrôle de Washington. M. Allaoui a impressionné les responsables politiques de l’administration Bush par sa détermination pour construire et utiliser durement si nécessaire la nouvelle force armée irakienne. Si les estimations de l’administration Bush sont correctes, ce n’est qu’une question de temps avant que les insurgés et les terroristes cessent d’être une menace sérieuse en Irak.
Les sondages montrent que les Irakiens laissent le bénéfice du doute au nouveau gouvernement et le voit plus favorablement que le Conseil de gouvernement irakien qui était trop lié à L. Paul Bremer. Les sunnites et les chiites sont également fatigués de la guerre. La population souhaite que le gouvernement par intérim gagne la bataille contre les anciens ba’asistes et les fondamentalistes sunnites. Les Kurdes souhaitent également que les Arabes irakiens règlent leurs différends par d’autres moyens que la force. En outre, les Irakiens ne sont pas si hostiles que cela à la présence états-unienne sur leur territoire. Reste à voir quelle sera l’attitude de l’administration Bush vis-à-vis de l’Irak.
Allaoui sait que l’état de grâce ne durera pas et il veut développer les forces irakiennes pour utiliser cinq divisions contre l’insurrection en réhabilitant les « bons » officiers sunnites, dont beaucoup sont des exilés de l’Entente nationale irakienne. Le Premier ministre semble sincère dans son désir de rendre le pays plus pluraliste, mais ce n’est pas un révolutionnaire, il compte surtout sur l’évolution des anciens ba’asistes. Il compte peut-être trop sur ce point et il devrait se montrer, au moins dans la rhétorique, plus révolutionnaire. Il devrait également accélérer la démocratisation.

Source
New York Times (États-Unis)
Le New York Times ambitionne d’être le premier quotidien global au travers de ses éditions étrangères.

« Vote First, Ask Questions Later », par Reuel Marc Gerecht, New York Times, 30 juin 2004.