Le président George W. Bush a déclaré qu’il fallait une nouvelle stratégie pour défendre la démocratie au Proche-Orient, mais si cette nouvelle politique doit ressembler à ce que nous faisons dans le Caucase, autant renoncer tout de suite. Il semble, en effet que dans cette région, le pétrole est plus important pour les États-Unis que les Droits de l’homme ou la démocratie.
Le cas de la Géorgie est le dernier exemple en date. La fraude électorale avait poussé la commission centrale des élections à invalider les scrutins dans plusieurs bureaux de vote. Pourtant les bulletins n’y sont jamais parvenu et Edouard Chevardnarze a refusé d’annuler les élections et de les recommencer, provoquant de fortes manifestations. Le département d’État est resté muet sur le sujet, comme il l’avait été face à des situations similaires en Azerbaïdjan et en Arménie.
La stabilité de ces trois pays est dans l’intérêt des États-Unis et c’est pourquoi nous avons aidé à l’instauration d’une démocratie après l’effondrement de l’URSS, mais à quoi cela sert-il si nous ne soutenons pas des élections libres et justes ? En Arménie et en Azerbaïdjan, les deux présidents n’ont aucune légitimité et ne peuvent donc pas amener la prospérité à leur pays. La corruption dans ces pays est endémique et s’il faut continuer le commerce des hydrocarbures avec eux, il faut que cela profite à la population. Les États-Unis ont affranchi ces pays des influences russe et iranienne et se sont assuré de leur soutien dans la guerre au terrorisme, mais ils ont échoué à en faire des démocraties. Si nous ne changeons pas de politique, ces trois États seront bientôt en décrépitude ou soumis à des régimes autoritaires.

Source
Christian Science Monitor (États-Unis)

« A smoldering Caucasus and the quiet Americans », par Tom Lantos, Christian Science Monitor, 20 novembre 2003.