En dépit de l’absence d’accord à Bruxelles sur le traité constitutionnel, nous ne perdons pas l’espoir d’aboutir. L’Europe, pour la France, est d’abord une communauté d’âmes fondée sur l’humanisme avant d’être une géographie.
Nous avons fait le choix de l’élargissement en confiance en acceptant les sacrifices que cela impliquait. Nous voulons un rapprochement des peuples autour d’un destin commun et briser les murs qui les ont divisés. Pour nous, l’élargissement a toujours impliqué l’approfondissement et la France y a contribué depuis la création de l’Union européenne. Nous estimons qu’il faut une constitution à l’Europe et le travail de la Convention européenne est un véritable acquis européen, un projet équilibré et innovant. En tant que chef de gouvernement, je suis très attaché à la règle de double majorité qui donne une légitimité indiscutable aux décisions européennes.
Nous allons, dans cette présidence irlandaise, continuer à travailler pour convaincre les autres de la nécessité de cette constitution. Les groupes pionniers construiront l’avenir dans le respect de l’acquis communautaire tandis que la relation germano-française servira de pôle d’accueil pour ceux qui souhaitent renforcer leur coopération.
Au sein de l’Eurogroupe, je souhaite faire évoluer le Pacte de stabilité pour qu’il prenne compte des évolutions conjoncturelles. Il faut également une parité plus compatible entre euro et dollar. Mon gouvernement a entamé des réformes structurelles visant à relancer la croissance française et aider ainsi la croissance européenne dans son ensemble. Nous voulons construire pour les Européens, un espace de croissance durable, une vision humanisée de la mondialisation et une relation euro-américaine nouvelle, fondée sur une capacité de dialogue d’égal à égal.
« La France pour l’Europe », par Jean-Pierre Raffarin, Réseau Voltaire, 17 janvier 2004. Cette tribune a également été diffusée dans dix quotidiens européens.
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