Une fois de plus, Kofi Annan est pressé par les États-Unis pour que l’ONU prenne un rôle décisif en Irak dans le but non avoué de lui faire admettre implicitement la politique déficiente de l’administration Bush dans ce pays. Une politique qui est désormais dénoncée par l’ayatollah Sistani.
Bien que la participation de l’ONU soit vitale pour soigner les blessures que la guerre en Irak a causées au pays et au monde arabe, il est plus important encore que les États-Unis changent de politique et confient le pouvoir politique et économiques aux Irakiens le plus vite possible. La crise avec Sistani démontre au contraire l’isolement dans lequel se trouve désormais l’équipe de Paul Bremer. Jusqu’ici, le soutien implicite de Sistani à l’invasion états-unienne en Irak avait permis d’empêcher une révolte chiite, mais se soutien se fondait explicitement sur l’organisation rapide d’élections. Pourtant, quand l’accord de passation de pouvoir du 15 novembre entre l’Autorité provisoire de la Coalition en Irak et le Conseil de gouvernement irakien a été adopté, il avait été décidé que les élections se feraient par caucus bien que se soit totalement étranger au monde arabe, et à tout ceux qui ne sont pas de l’Iowa d’ailleurs.
Sistani a affirmé que cet accord n’était pas acceptable et que le gouvernement qui en serait issu serait illégitime. C’est pourquoi on fait appel maintenant à l’ONU, qui n’était pourtant pas mentionnée dans l’accord du 15 novembre. L’Autorité provisoire de la Coalition, le Conseil de gouvernement irakien et les Nations Unies savent bien en effet que l’appui de l’ONU est essentiel à la légitimité du nouveau gouvernement.

Source
Clarin (Argentine)

« EE.UU. necesita a la ONU », par Salim Lone, Clarin, 30 janvier 2004.