Lors du Forum social mondial, qui aura lieu du 26 au 30 janvier, à Porto Alegre, sera proposée l’annulation totale, immédiate et inconditionnelle de la dette publique externe des onze pays touchés par tsunami, en Asie du sud-est et en Afrique de l’est, à la fin de l’année passée. Au total, les pays atteints par la vague géante - qui a provoqué la mort de plus de 150 mille personnes - comptent une dette de 272 millards de US$. Rien que l’Indonésie, un des pays les plus affectés par la catastrophe, dois déjà 130 milliards de US$.
L’idée de l’annulation de la dette sera mise au débat par des organisations sociales comme le Réseau Jubilée Sud et le Comité pour l’annulation de la dette du Tiers Monde (CADTM), au sein de l’espace thématique Paix et démilitarisation - Lutte contre la guerre, le libre échange et la dette. Les entités présentes vont aussi discuter la création d’un Observatoire international de la dette externe. De plus, le 29 janvier sera le jour du lancement de l’Assemblée des pays créditeurs de la dette sociale et écologique.
La proposition qui sera à l’ordre du jour du FSM 2005 n’a rien à voir avec les négociations qui ont lieu dans le cadre du G-7, formé par les Etats-Unis, le Japon, l’Allemagne, la Grande-Bretagne, la France, l’Italie et le Canada, et du Club de Paris, qui inclut aussi la Russie. A présent, les pays impliqués discutent la concession d’un moratoire ou le gèle des dettes, ce qui n’implique que la suspention temporaire de celles-ci. "Nous proposons une solution définitive, l’annulation des dettes", explique Rosilene Wansetto, membre de la coordination du reseau Jubilée Sud, organisation qui intégre le Comité international et le Comité organisateur brésilien du FSM 2005.
La première semaine de janvier, le Jubilée Sud des Philippines fait parvenir au Fonds monétaire international (FMI) et à la Banque mondiale (BM) une pétition demandant une aide durable pour les pays dévastés par le ras-de-marrée. Le document a été signé par des dizaines d’organisations. Aux Philippines, le tsunami a laissé sa trace par des millions de morts et 53 mille familles sans eau potable, avant de détruire des dizaines de millions d’hectares de terres arrables. "Si la compassion manifestée par les gouvernements de l’hémisphère Nord est sincère, la situation pourra évoluer vers une action concrète - au delà de l’aide d’urgence et à la réhabilitation, les pays du Sud ont besoin de l’annulation inconditionnelle de la dette maintenant", affirme la pétition parvenue au FMI à Manille.
Les pays du Tiers Monde doivent 1,6 milliers de US$
L’initiative s’incère dans la campagne mondiale pour l’annulation de la dette publique externe de l’ensemble des pays du Tiers Monde. Cette campagne compte l’adhésion d’organisations, mouvements sociaux, centrales syndicales et intellectuels de toute la planète.
"La dette totale des pays pauvres atteint les 1,6 milliers de US$, ce qui est un scandale. En 2004, ces pays ont transféré 300 milliards de US$ vers le monde développé pour le simple payement des intérêts et des services de la dette", révèle l’économiste et politologue Eric Toussaint, président du CADTM, dont le siège est à Bruxelles, en Belgique. Auteur du livre La bourse ou la vie, La dette externe du Tiers Monde, Toussaint est membre du Conseil international du FSM 2005.
Durant le Forum, le CADTM va proposer la création de l’Observatoire international de la dette externe, dont la fonction sera de réunir des donnéss dans le but d’alimenter les campagnes en faveur de l’abolition de la dette des pays pauvres, plus que d’analyser de manière critique les actions du FMI, de la BM et des gouvernements créditeurs. "L’idée est d’associer les mouvements scientifiques et académiques pour obtenir des donnés rigoureuses sur ce sujet", avance Eric Toussaint.
Le 29 janvier, durant le FSM 2005, les organisations sociales vont aussi organiser une Assemblée des pays créditeurs de la dette sociale et écologique. "Ce qui va se passer est que la nécessité de payer les intérêts de la dette fera que des écosystèmes, tels que la région amazonienne, seront toujours plus vite détruits.
Sans parler des ressources transférées vers le monde développé, qui devraient être utilisées pour solder l’immense dette sociale accumulée à travers le temps. Nous pouvons donc dire que les pauvres du Tiers Monde sont les créditeurs d’une dette sociale et écologique envers le monde développé", affirme le politologue.
Une autre proposition qui sera à l’ordre du jour est un auditoire de la dette du Tiers Monde. Pour le réseau Jubilée Sud, cette mesure devrait démontrer que les pays pauvres payent leur dette plusieurs fois et deviennent en faite les créenciers du monde développé, de part les intérêts et services dégradants. "Un auditoire implique une recherche rigoureuse de l’endettement des pays de l’hémisphère Sud, démontrant la nécessité d’annuler immédiatement la dette", soutient Rosilene Wansetto.
Durant le FSM 2005, dans le champs thématique Paix et démilitarisation - Lutte contre la guerre, le libre échange et la dette, la dette externe des pays d’Afrique et d’Amérique latine sera aussi à l’ordre du jour, avance Eric Toussaint. Des initiatives, comme celle de l’Argentine, qui a suspendu le payement de ses créditeurs depuis décembre 2001 et revendique auprès du FMI une annulation de 60% de sa dette externe, seront débatues.
"L’exemple devrait être suivi par le Brésil. De cette manière, le pays aurait les ressources pour satisfaire les demandes sociales en augmentant les salaires minimums et en créant des emplois, au-delà d’accélérer la réforme agraire", conclu le président du CADTM.
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