Ariel Sharon n’est pas prêt à céder à l’Autorité palestinienne des territoires acquis en 1948. Il s’apprête à annexer des territoires conquis en 1967. C’est l’idée dissimulée derrière le « retrait unilatéral ». Le psychodrame concernant l’évacuation des colonies au sein du gouvernement ne fait que cacher que l’évacuation de certaines colonies permet la consolidation des autres. Pendant que l’opinion internationale et arabe se concentre sur la crise dans la droite israélienne, elle oublie que l’objectif principal de Sharon est d’imposer unilatéralement des frontières et d’imposer le contrôle israélien sur des parties de la Cisjordanie.
L’opinion arabe se focalise sur les discours et les actes de Sharon comme s’il était le seul acteur dans cette histoire. Chaque fois qu’il rejette un plan de paix arabe, le plan suivant offre de nouvelles concessions. Dans les accords de Genève, la gauche sioniste a obtenu un abandon du droit au retour alors qu’elle n’est même pas au pouvoir. Les Arabes sont manipulés par Sharon et ils le resteront tant qu’ils ne présenteront pas un front uni derrière des propositions communes. Cela doit commencer par un programme commun unissant l’Autorité palestinienne et les groupes résistants. Le dialogue doit s’engager sur des bases plus larges que les demandes de cessez-le-feu de l’Autorité palestinienne et l’objectif de survie des factions. Il faut également exiger que le cessez-le-feu soit bilatéral.
En attendant, Sharon veut annexer des territoires palestiniens en échange de territoires comprenant des Arabes israéliens, pourtant citoyens d’Israël, mais considérés comme un « danger démographique » dans la logique raciste d’Israël. Comme le « transfert » n’est pas possible sans un bain de sang, on parle aujourd’hui de laisser des territoires où ils vivent ou bien de contrôler les territoires mais de les priver de leurs droits en Israël et les placer sous l’autorité de l’Autorité palestinienne. Israël est le seul pays obsédé par sa démographie, une approche qui serait considérée comme raciste partout ailleurs.
« Unilaterally racist », par Azmi Bishara, Al Ahram Weekly, 13 février 2004.
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