Soumis à des pressions internes et externes qui le pousse à faire des déclarations apaisantes, Sharon n’est pourtant jamais revenu sur le fait qu’il souhaite une séparation des populations. Les Palestiniens n’auraient droit qu’à la moitié de la Cisjordanie et à Gaza et seraient finalement rattachés à la Jordanie. Israël resterait ainsi un État juif.
Des négociations auront lieu en raison de la crise économique en Israël, mais c’est cette conception de la paix qui restera dans l’esprit de Sharon. Même les plus libéraux des juifs israéliens veulent que le caractère juif d’Israël soit reconnu et donc que les pays arabes admettent qu’Israël puissent adopter toutes mesures qu’il jugera appropriées pour conserver ce caractère juif. Après des années de coopération entre les deux armées, l’armée états-unienne a adhéré à cette idéologie.
De façon non-officielle, les États-Unis suggèrent la division de l’Irak en trois parties séparées, niant ainsi le droit à l’« arabisme » de l’Irak dans une tribune de Leslie H. Gelb du New York Times. Pourtant, l’arabisme de l’Irak, contrairement à la judaïté d’Israël, est fondé sur une donnée culturelle largement partagée et permet la coexistence de toutes les religions dans la laïcité. Pour Washington, toute les identités semblent acceptables sauf l’identité arabe. Leslie H. Gelb va plus loin : il nie l’identité irakienne de l’Irak, désirant créer de petits États sectaires et faire déplacer deux millions de personnes, tel un petit Staline.
À l’instar de Sharon, les États-uniens pensent avoir le droit de diviser nos pays et de nier notre identité comme au temps du colonialisme.

Source
Dar Al-Hayat (Royaume-Uni)
Dar al Hayatest un quotidien arabe de politique international, basé au Royaume-Uni. Tirant à 110 000 exemplaires, ce journal mêle des articles purement informatifs et un grand nombre d’analyses et d’éditoriaux écrits par des intellectuels du monde arabe. L’une des figures les plus éminentes de la rédaction est Jihad Al Khazen, figure détestée des éditorialistes néo-conservateurs états-uniens. Libanais à l’origine, il a été racheté en 1990 par le prince et maréchal saoudien Khaled ibn Sultan.

« Iraq’s Arabism And Israel’s Jewishness », par Azmi Bishara, Dar Al Hayat, 30 novembre 2003