L’initiative de Genève est en totale contradiction avec le mur et avec la violence délibérée qui l’accompagne. L’ouverture de paix et le mur de l’enfermement se trouvent en opposition mais il ne faut pas minimiser l’importance de cette initiative à cause d’une rivalité abominable.
Entre les deux signataires du projet d’accord, il existe une double asymétrie. Yasser Abed Rabbo, proche de l’Autorité palestinienne, représente un peuple écrasé sous l’occupation alors que Yossi Beilin qui se situe à la gauche de l’opposition travailliste fait partie de la société israélienne dominante. C’est l’avantage et la faiblesse de l’initiative de Genève de mener (quoi ??) de personnalités politiques qui ne détiennent pas le pouvoir mais qui, soutenues par des membres influents de la société civile européenne, ouvrent une brèche dans une situation bloquée et se placent au centre des débats sur les perspectives de paix dans l’après Sharon-Bush.
Nous pensons qu’il faut appuyer l’initiative de Genève dans ses principes et son dispositif, exprimer un soutien critique à son contenu et des réserves sur des formulations trop vagues notamment concernant la reconnaissance de la responsabilité israélienne dans la catastrophe palestinienne de 1948 et la garantie d’une véritable égalité de droit entre citoyens juifs et arabes d’Israël. Le texte est perfectible mais il est une chance de préserver l’avenir.
Nous n’oublions cependant pas le présent et, solidaires des Palestiniens occupés et réprimés, nous ne pouvons accepter ce mur de l’apartheid. Nous pensons également aux Israéliens devenus prisonniers d’une logique militaire absurde. Nous leur demandons d’appliquer les résolutions de l’ONU sur le principe du droit au retour des réfugiés. En attendant, nous demandons une intervention internationale contre ce mur.
« Pour Genève, contre le mur », par Etienne Balibar, Alexandre Bilous, Suzanne Citron, Olivia Elias, Stéphane Hessel, Henri Korn, Gilles Manceron, Marie-José Mondzain, Pierre Nicodème, Madeleine Rebérioux, Abraham Ségal, Marie-Noëlle Thibault et Pierre Vidal-Naquet, tous membres du comité « Trop, c’est trop ! », Le Monde, 25 février 2004.
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