En avril 2003, juste après avoir mis fin aux combats en Irak, George W. Bush a promis au peuple irakien que son pays se développerait tout en gardant son unité, son indépendance et sa souveraineté. Mais les Irakiens se rendent compte, après presque deux ans et quatre mois, que les promesses de Bush n’étaient que des paroles en l’air. D’ailleurs, la nouvelle constitution qui a été présentée au Parlement irakien légalise l’enterrement d’un pays qui a représenté au fil des années un facteur d’équilibre et de stabilité stratégiques dans l’un des coins les plus chauds et les plus intéressants, pour ses réserves pétrolières, dans le monde. L’administration Bush a justifié son occupation par diverses raisons dont la plus importante est de changer le régime de Saddam. Mais il s’est avéré que Bush n’a pas planifié que le changement du régime, mais aussi celui de la géographie et de la démographie irakiennes. Tout cela dans le cadre d’une stratégie bien élaborée, celle de diviser l’État nation au profit de la mondialisation et de la domination économique et sécuritaire dans le monde.
Les États-Unis ont toujours utilisé leur stratégie de division, directe ou indirecte, chaque fois qu’ils sont intervenus quelque part dans le monde. Ainsi, l’Irak ne peut pas être une exception. Les interventions états-uniennes ont provoqué la chute de l’Union soviétique et sa division. C’est ce qui a eu lieu aussi en Yougoslavie, au Somalie, à Haïti, en Afghanistan et actuellement en Irak. Les États-uniens prévoient un retrait qui doit commencer l’année prochaine, surtout avant les élections du Congrès en novembre. Le retrait sera précédé de la division du pays en trois parties : un État kurde dans le Nord, chiite dans le Sud et sunnite au centre. Ce qui va mettre fin, en pratique, à la résistance, ou au moins l’affaiblir pour permettre aux autres forces d’occupations de se retirer facilement.
La division est aussi socioculturelle. Ainsi, par exemple, le mariage entre chiites et sunnites, Arabes et Kurdes ou différentes autres communautés, est devenu impossible, après avoir été un symbole de l’unité irakienne avant l’occupation. Le virus de la division affectera sûrement les pays voisins. Ce qui se passe actuellement en Arabie Saoudite illustre bien la situation dans la région. Le système fédéral qui marque la nouvelle constitution est le premier de son genre dans le monde arabo-musulman. Bush a appelé le projet de la constitution « une victoire » de la démocratie, rajoutant que les Irakiens et le monde entier doivent être fier d’une telle constitution. La déclaration de Bush n’est pas surprenante, surtout qu’il n’a pas cessé de supplier les partis irakiens de ratifier le projet de la constitution avant la date butoir. Autrement, son plan de fuite d’Irak ne verra pas le jour au moment voulu.
« تشريع تقسيم العراق », par Abdel Bari Atouan, Al Quds Al arabi, 8 août 2005.
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