La décennie passée a appris aux Russes qu’il fallait économiser les dollars et dépenser les roubles. C’est cette sagesse élémentaire qui nous a aidés à survivre aux réformes économiques et au crash financier. Mais aujourd’hui, l’euro est apparu et le rouble a commencé à se valoriser.
Les responsables du gouvernement répètent aux Russes que l’année 2003 a été une bonne année économiquement et que l’année 2004 le sera également, mais les Russes continuent de croire en l’imminence d’une prochaine crise. Malheureusement, ces craintes sont fondées car notre croissance repose sur le prix élevé du pétrole et elle n’empêche pas les structures économiques de décliner et le pouvoir d’achat de la majorité de la population reste bas. Nous avons une croissance forte dans un contexte de récession économique mondiale, ce qui prouve bien que nous sommes à la périphérie du monde capitaliste et qu’il est possible qu’une relance mondiale s’accompagne d’une dépression en Russie.
Il faut aussi noter que le déclin du dollar fait diminuer le montant de nos économies alors que la croissance de l’euro fait augmenter les prix à Moscou car l’Europe est notre principal partenaire commercial. Le débat sur l’appartenance de la Russie à l’Europe est tranché par l’économie. Nous ne pouvons pas continuer à vendre nos ressources en dollars et à acheter en euro.
De plus en plus d’employés veulent être payés en euros, mais leurs employeurs refusent car cela équivaudrait à une forte augmentation des salaires. L’appréciation du rouble est un problème pour les classes moyennes. Bien sûr, une bonne partie de la population, qui n’a pas d’économies, ne connaît pas ce problème.
« When Is Russia in Europe ? », par Boris Kagarlitsky, Moscow Times, 4 mars 2004.
Restez en contact
Suivez-nous sur les réseaux sociaux
Subscribe to weekly newsletter