Quelle qu’ait été la valeur des liens militaires entre le Royaume-Uni et les États-Unis par le passé, aujourd’hui, cette alliance entraîne la Grande Bretagne dans des opérations contraires à ses intérêts tout en donnant aux Américains l’illusion qu’ils parlent au nom de la communauté internationale. Cette année s’ouvre une occasion unique d’examiner cette relation car le Parlement britannique et le Congrès états-unien doivent examiner le traité liant leurs programmes nucléaires.
Ce traité, datant de 1958, dicte les conditions du commerce des armes de destruction massive des deux pays. C’est un sujet sensible, mais les négociations restent secrètes, sans observation des populations et le traité va probablement être adopté à la fin de l’année sans que personne ne le note. Sans cet accord, le Royaume-Uni n’aurait pas le système Trident pour son armement nucléaire et n’aurait pas pu réaliser ses tests nucléaires au Nevada. Les têtes nucléaires Trident sont construites sous contrôle des États-Unis. On ne connaît pas les termes du nouvel accord. Il consistera sans doute une évolution du système Trident fourni par les États-Unis en échange d’un soutien britannique sur la conception des armes de destruction massive états-uniennes et les politiques militaires de Washington, dont le programme « Star Wars ».
Cet accord entretient l’illusion des Britanniques d’être une puissance nucléaire autonome alors qu’il est un obstacle à toute discussion sur la politique étrangère britannique depuis 50 ans. Sur cette base, la CIA siège régulièrement dans les réunions des services de renseignement britanniques, empêchant toute indépendance de l’État. Le programme est ignoré par la plupart des analystes états-uniens qui croient donc que les États-Unis ont une allié sincère dans leurs aventures. Si le programme était débattu aux États-Unis d’ailleurs, on peut douter que la majorité morale accepterait que le pays donne sa technologie nucléaire à un État disposant déjà d’armes, accordant le droit à l’avortement et des droits aux homosexuels.
Cet accord devait défendre le démocratie, le gouvernement devrait discuter de ce qu’il implique.

Source
The Guardian (Royaume-Uni)

« This relationship isn’t working », par Dan Plesch, The Guardian, 6 avril 2004.