Le Proche-Orient a besoin d’efforts concertés pour assurer les libertés civiles et les Droits de l’homme pour tous, mais l’argument actuel sur les mérites d’une solution imposée de l’extérieur se fonde sur l’idée erronée que les Droits de l’homme sont une notion étrangère à la région. Au contraire, je pense que les efforts doivent s’appuyer sur les expériences de chaque pays.
La question de la protection des droits des minorités a été débattue en Égypte depuis l’indépendance de 1922 et la question a été résolue avec la fin des juridictions britanniques dans le pays en 1936. En 1948, l’Égyptien Mahmoud Azmi collabora à la rédaction de la déclaration universelle des Droits de l’homme et, en 1978, l’Égypte a eu un rôle clé dans l’adoption de la charte africaine des Droits de l’homme. De nombreuses ONG défendent les Droits de l’homme en Égypte et aujourd’hui il existe une Commission nationale égyptienne pour les Droits de l’homme, que je préside.
Il existe encore un fossé entre les concepts et les faits. Beaucoup reste à faire, mais face au terrorisme fondamentaliste dont nous avons souffert, les problèmes de sécurité ont pris le pas sur les libertés civiles. Nous avançons pourtant pour que les Droits de l’homme deviennent le langage commun de l’humanité.

Source
Washington Post (États-Unis)
Quotidien états-unien de référence, racheté en août 2013 par Jeff Bezos, fondateur d’Amazon.

« Egypt’s Path to Rights. . . », par Boutros Boutros-Ghali, Washington Post, 7 avril 2004.