Un de mes amis, qui rendait visite à une famille palestinienne dans un petit village, a été témoin de sa détresse devant la destruction de son verger par un bulldozer. Cette expropriation était nécessaire à la construction de la barrière de huit mètres de haut d’Ariel Sharon. Le conducteur du bulldozer est venu s’excuser, a affirmé regretter son geste, mais avoir été obligé de suivre des ordres. Cette famille a été ruinée par les gouvernements, le terrorisme et la nature unilatérale des politiques internationales.
Ce type de drame ne se passe pas qu’en Israël. Les Irakiens ont vu leur constitution être changée pour permettre à des entreprises états-uniennes de posséder 100 % des capitaux irakiens, hors ressources naturelles. Les Libanais vivent sous la menace constante d’Israël et, il y a deux semaines, le monde a été témoin de l’assassinat du cheikh Yassine, fondateur du Hamas dont je condamne les attentats, mais surtout leader spirituel pour beaucoup de musulman. Cet assassinat ne peut qu’en faire un martyr et multiplier les actes terroristes.
Ce à quoi nous assistons aujourd’hui est le début d’une Troisième Guerre mondiale, une guerre d’un nouveau type, mais une guerre quand même. Il y a aujourd’hui 40 conflits de basse intensité dans le monde. Cette situation profite aux extrémistes comme leur profite le vide du pouvoir au Proche-Orient. Les dirigeants consacrent l’essentiel de leur énergie à se maintenir au pouvoir et laissent les groupes extrémistes assumer des fonctions sociales.
Les initiatives pour la région ne se focalisent que sur la sécurité alors que c’est le dialogue qu’il faut promouvoir. Il faut un traité de Versailles du Proche-Orient et la mise en place d’un système de sécurité collective. L’Ouest doit aussi changer de politique et nous devons cesser d’être gouvernés par la force. Nous n’avons pas besoin d’une guerre au terrorisme, nous avons besoin d’un combat pour la paix.

Source
Globe and Mail (Canada)

« The Third World War is now, par El Hassan bin Talal, Globe and Mail, 7 avril.