Tandis qu’ils réfléchissent à la future direction de leurs partis, les députés britanniques reviennent de vacances en affirmant qu’ils n’oublient pas la question des transferts de détenus islamistes vers des camps secrets où ils peuvent être torturés. Un groupe parlementaire trans-partisan travaille d’ailleurs sur le sujet. Il est présidé par Andrew Tyrie, un député conservateur, assisté par Chris Mullin et Sir Menzies Campbell. Ils attendent des comptes de la part du gouvernement.
Ce qui se pose derrière cette question, c’est à nouveau l’alliance du Royaume-Uni et des États-Unis et nos différences de systèmes légaux. Cette question s’est posée lors des débuts de la guerre au terrorisme quand a été soulevée l’hypothèse d’une arrestation d’Oussama Ben Laden par les troupes britanniques. Fallait-il le confier aux troupes états-uniennes sachant qu’il serait sans aucun doute exécuté ?
En Grande-Bretagne, il est actuellement impossible de prétendre que les transferts de prisonniers sont légaux, c’est pourquoi les ministres britanniques ne veulent pas en entendre parler et que les États-Unis n’en parlent plus. Le gouvernement se contente de propos évasifs sur le sujet et cherche à stopper les initiatives parlementaires qui entraîneraient une enquête. Aujourd’hui, il y a trois enquêtes judiciaires sur les « extraordinary renditions » : une en Espagne, une en Italie et une en Allemagne. A cela s’ajoutent une enquête publique au Canada, une enquête parlementaire en Suisse et une enquête du gouvernement en Pologne. Rien au Royaume-Uni ! Les ministres semblent bien avoir quelque chose à cacher.

Source
The Guardian (Royaume-Uni)

« If you ask no questions », par Richard Norton-Taylor, The Guardian, 10 janvier 2006.