En 1971, j’avais débattu à la télévision avec John Kerry, alors qu’il était le porte parole des « Vétérans contre la guerre ». La question clé de ce débat de 90 minutes était les affirmations de M. Kerry concernant les crimes que les troupes américaines auraient commis au Vietnam. Aujourd’hui, alors que le sénateur Kerry apparaît comme le candidat démocrate présumé, je veux rouvrir ce débat.
Le hasard veut que John Kerry et moi ayons successivement dirigé le même bateau au Vietnam, j’ai pris sa suite après son controversé passage de quatre mois à ce poste. En dépit de notre expérience commune, je reste convaincu de ce que je croyais, il y a 33 ans : les propos de Kerry concernant des crimes de guerre commis par l’armée américaine étaient des exagérations ou des déformations de la vérité utilisées à des fins électorales. Ce sont ces représentations qui ont donné une fausse image de l’action des États-Unis au Vietnam. Ni moi, ni aucun homme avec lesquels j’ai servi, n’avons commis d’atrocité ou de crimes de guerre. Nous avons même subi des pertes parce que nous ne voulions pas utiliser notre puissance maximale.
Lors de notre débat de 1971, j’avais exigé de Kerry des preuves de ce qu’il avançait, mais il n’en a jamais fourni. Aujourd’hui, il refuse la réédition de son livre The New Soldier, dans lequel il insultait l’armée. Comment un homme qui accuse ses camarades de crime pourrait-il devenir commandant en chef ? Depuis 1971, j’ai refusé beaucoup d’offres d’opposants à Kerry me demandant de m’attaquer à lui. Aujourd’hui, c’est sans que personne ne me le demande que je le fais car il n’est pas l’homme adéquat à mettre au pouvoir.

Source
Wall Street Journal (États-Unis)

« Unfit for Office », par John O’Neill, Wall Street Journal, 4 mai 2004.