« Comment se retirer de Palestine »

La poursuite du conflit israélo-palestinien est une des principales raisons du chaos au Proche-Orient et la seule façon de sortir de l’impasse à court terme est la création de deux États séparés par une frontière suivant plus ou moins la ligne verte avec quelques ajustements mineurs. Actuellement, le plan israélien et la barrière en Cisjordanie entraînent des modifications territoriales qui n’ont rien de mineures. Seul l’accord de Genève semble aller dans la voie d’une séparation juste, mais les États-Unis ne le défendent pas.
Au contraire, le plan Bush-Sharon de séparation est en fait un plan d’annexion et d’expansion car pendant qu’Israël se prépare à évacuer Gaza, elle dépense des dizaines de millions de dollars pour renforcer sa présence en Cisjordanie. Cette politique est en contradiction de la « feuille de route » qui exige les arrêts de toutes les activités de colonisation. Il ne faut se réjouir du retrait de Gaza que si la politique israélienne en Cisjordanie change car actuellement nous nous orientons vers la création de bantoustans palestiniens dans un Israël pratiquant l’apartheid comme l’a dénoncé Meron Benvenisti.
Aujourd’hui, en Cisjordanie, les habitations israéliennes et palestiniennes sont imbriquées les unes dans les autres ce qui rend une séparation difficile mais, en novembre, les dirigeants du Shin Bet affirmaient qu’une simple mesure d’incitation économique permettrait de faire évacuer 85 à 95 % des colonies cisjordaniennes. L’accord de Genève se fonde sur une approche similaire et sur la croyance dans le fait que le démantèlement des colonies est réalisable.
Sur le plus long terme, on pourrait également rêver d’une fédération binationale plutôt que deux États, mais si cette possibilité était accessible entre 1967 et 1973, la guerre de 1973 et les oppositions états-uniennes à tout ce qui allait dans ce sens la rende extrêmement difficile. Ce qu’il faut avant tout, c’est trouver un accord juste qui tienne compte du droit au retour des Palestiniens. Il semble que contrairement à leur gouvernement, les populations israélienne et nord-américaine soient favorables à la création de deux États.