La politique américaine en Irak fait face à une crise. Les principaux dirigeants politiques états-uniens, dont George W. Bush et John Kerry, continuent d’affirmer que nous devons rester en Irak tant que nous n’aurons pas fini notre mission, mais les slogans électoraux sont insuffisants pour sortir d’une politique qui a échoué. Le succès de la mission dépend de la croyance des Irakiens dans le bien fondé de notre présence et cette croyance ne cesse de s’éroder.
Tant que nous n’aurons pas restauré la confiance des Irakiens dans notre rôle, l’échec n’est pas une option, c’est une probabilité car la question n’est plus combien de temps nous allons rester, mais de combien de temps disposons nous avant que les Irakiens nous chassent. L’incapacité des États-Unis à rétablir les services de base, puis les abus contre les prisonniers irakiens ont pour conséquence que, pour la première fois, les Irakiens estiment majoritairement que leur pays était mieux sous Saddam Hussein. Le problème vient de notre ambivalence vis-à-vis de l’Irak. Nous nous prétendons des libérateurs, mais nous ne faisons aucune confiance aux Irakiens. Nous laissons transparaître que nous n’accepterons un gouvernement irakien que s’il est pro-occidental et qu’il soutient les intérêts des États-Unis, ce qui est impossible.
Il faut changer de politique et affirmer que nous quitterons le pays dès qu’un gouvernement légitime irakien émergera, même s’il n’est pas celui que nous attendions. La seule alternative à ce départ serait une demande de ce gouvernement et un mandat de l’ONU. Il faut nous efforcer à ce que ce gouvernement ne menace pas la paix et la sécurité régionale et pour cela, il faut une conférence internationale qui impliquera les pays voisins.

Source
Washington Post (États-Unis)
Quotidien états-unien de référence, racheté en août 2013 par Jeff Bezos, fondateur d’Amazon.

« Set a Date to Pull Out », par James Steinberg et Michael O’Hanlon, Washington Post, 18 mai 2004.