Tony Blair doit comprendre que son soutien inconditionnel à George W. Bush a conduit ses amis au désespoir et ses ennemis à la dérision. Il n’est pourtant pas masochiste et il souhaite assurer sa survie politique, mais il semble s’être convaincu lui-même que la politique américaine est avisée et qu’elle est la plus à même de réussir. C’est la seule façon d’expliquer pourquoi Blair mène une politique aussi erronée et aussi destructrice pour lui.
Je pense que la guerre d’Irak n’était pas nécessaire et n’était pas désirable, mais même si le Premier ministre pensait le contraire, il a fait des erreurs en assurant de son soutien inconditionnel les États-Unis tout en promettant une résolution de l’ONU à la population britannique. Il devait être alors persuadé que son charisme lui permettrait d’obtenir une résolution et qu’il convaincrait Damas de lever son opposition. Blair a oublié que le soutien britannique aux États-Unis n’a jamais été sans condition : Thatcher critiqua fortement l’invasion de Grenade et Wilson refusa la participation britannique à la guerre du Vietnam.
Blair peut, et doit, redresser la barre en insistant désormais sur trois conditions pour poursuivre le soutien britannique :
– Le gouvernement irakien à qui on transmettra le pouvoir en juin doit être acceptable pour les Irakiens avant d’être un ami de Washington.
– Il faut une résolution de l’ONU sur l’Irak et donc des négociations avec la France, la Russie et la Chine.
– La reconstruction de l’Irak ne doit pas être de la responsabilité de Donald Rumsfeld mais de Colin Powell.
« Whispering in Bush’s ear has got him nowhere. Blair must find his voice on Iraq », par Malcolm Rifkind, The Independent, 24 mai 2004.
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