L’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA) vient de critiquer l’Iran pour ne pas avoir coopéré avec ses inspecteurs internationaux qui enquêtent sur le respect des engagements de Téhéran dans la non-prolifération. Comment faut-il interpréter ces développements ?
De son propre aveu, l’Iran a un programme d’enrichissement d’uranium, une des deux méthodes permettant d’acquérir du matériel nucléaire utilisable à des fins militaires. L’Iran affirme toutefois que son objectif est uniquement le développement d’infrastructures nucléaires civiles, mais la condamnation de l’AIEA doit nous alerter. Le monde est à deux doigts d’une violation majeure du régime de non-prolifération. L’absence de réaction de la communauté internationale face au programme nord-coréen a peut-être déjà fait rentrer ce pays dans les rangs des puissances nucléaires. Si l’Iran est autorisé à développer des structures d’enrichissement de l’uranium, il sera presque impossible d’empêcher les autres pays de faire de même.
Il faut réagir. Déjà, les États-Unis, le Royaume-Uni, la France et l’Allemagne ont pris des mesures, bien qu’insuffisantes, pour traiter cette question. La Russie a aidé l’Iran dans son programme nucléaire, mais elle a exigé de fournir le combustible nucléaire et de récupérer les résidus, ce qui laisse penser que Moscou ne souhaite pas voir Téhéran devenir une puissance nucléaire. Il faut que les cinq pays se rassemblent face à cette question et offrent à l’Iran de fournir tout le combustible nucléaire en échange de l’abandon de son programme d’enrichissement de l’uranium et de la remise de tous les résidus. Ce sera une mesure difficile à accepter pour les États-Unis qui ont beaucoup d’autres reproches à faire à l’Iran, mais la non-prolifération est à ce prix. Si l’Iran rejette ce plan, il sera alors évident que ses fins sont militaires et il faudra prendre des sanctions.
Aujourd’hui, le Brésil également veut développer des structures d’enrichissement de l’uranium. Il ne faudra pas l’autoriser de le faire sous peine de perdre toute crédibilité en divisant les aspirants entre « gentils » et « méchants ». Nous devons lui faire la même proposition qu’à l’Iran.
Washington Post (États-Unis)
Quotidien états-unien de référence, racheté en août 2013 par Jeff Bezos, fondateur d’Amazon.
« A Critical Nuclear Moment », par Brent Scowcroft, Washington Post, 24 juin 2004.
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