Avant la guerre, ils ont dit que l’Irak avait des armes de destruction massive qui menaçaient l’Occident ; nous qui nous opposions à la guerre avons dit que c’était des mensonges et nous avions raison. Ensuite, on nous a dit que la population accueillerait avec plaisir la « libération » et nous avons prévenu de la possibilité d’une forte résistance et elle est apparue. Les militaires états-uniens ont alors dit qu’il s’agissait des derniers partisans de Saddam Hussein et que la résistance prendrait fin avec l’arrestation de ce dernier ; nous avons dit qu’au contraire une telle arrestation ne ferait que la développer et aujourd’hui tout l’Irak souhaite la fin de l’occupation, à l’exception des chefs tribaux kurdes.
Aujourd’hui, les citoyens des pays qui ont mené cette guerre doivent suivre l’exemple espagnol, punir leurs dirigeants et avoir une pratique citoyenne attentive et intelligente pour que leurs dirigeants ne participent plus au crime. Les États-Unis ont déjà perdu la bataille des images : celles de la chute de la statue de Saddam Hussein orchestrée par une poignée de mercenaires ont vite laissé place à celles d’Abu Ghraib comme symbole de l’occupation. Seuls les occidentaux ont été surpris par les images d’Abu Ghraib car ils ont oublié que la torture est toujours le corollaire de l’occupation.
Le transfert de souveraineté est une farce qui rappelle ce que les Britanniques ont fait dans les années 20. À l’époque, le vrai lieu de pouvoir était leur ambassade à Bagdad, aujourd’hui, c’est celle des États-unis. C’est John Negroponte, ancien dirigeant des escadrons de la mort en Amérique centrale qui dirigera Iyad Allaoui, ancien agent de la CIA jusqu’à ce que celui-ci échoue et connaisse le même sort qu’Amhed Chalabi. Les États-Unis peuvent acheter des États faibles, mais pas mettre fin à la résistance en Irak. De plus, ils refuseront la démocratie car une véritable élection donnerait naissance à un pouvoir exigeant la fin de l’occupation et du contrôle étranger du pétrole.
Rien ne changera réellement après le 30 juin, mais la résistance irakienne continuera à rendre l’occupation intenable.

Source
The Age (Australie)

« This is not sovereignty », par Tariq Ali, The Age, 28 juin 2004