Depuis le début du processus de paix à Madrid en 1991, Gaza n’a jamais été un sujet de négociation car tous savaient qu’un accord avec les Palestiniens inclurait un retrait israélien du territoire. Si Ehud Barak avait négocié quelle part de la Cisjordanie il laisserait aux Palestiniens, il n’y a pas eu de négociation sur Gaza qui devait leur revenir intégralement. Aujourd’hui, Ariel Sharon compte abandonner Gaza et trois ou quatre enclaves aux Palestiniens et pense régler ainsi le problème tout en conservant 50 % de la Cisjordanie. Comprenant qu’il ne trouverait aucun partenaire palestinien pour signer un tel accord, il a décidé de procéder unilatéralement.
Sharon n’est pas prêts à payer le prix d’un accord définitif avec les Palestiniens qui serait pourtant essentiel pour la sécurité d’Israël et pour maintenir un État à la fois juif et démocratique. Bien que la gauche considère dangereuse l’approche de Sharon, elle défend son projet de retrait de Gaza et finit par le défendre contre son propre parti. Ce retrait est devenu si essentiel pour elle qu’elle est prête à lui pardonner la guerre du Liban, la visite de l’esplanade des mosquées, les assassinats ciblés et sa politique économique cruelle et elle est prête à rejoindre son gouvernement.
Le camp de la paix doit pourtant comprendre que Sharon utilise la bonne volonté de la gauche pour mener une politique à l’antipode de ce à quoi elle croît. Chaque fois que la gauche soutient le Premier ministre, elle se tire une balle dans le pied. Il faut exposer ses plans et se poser en alternative.

Source
Jerusalem Post (Israël)

« Sharon’s dangerous vision », par Yossi Beilin, Jerusalem Post, 26 août 2004