« Le nouveau dirigeant palestinien marche sur un fil »

Les résultats des élections palestiniennes ne seront pas une surprise : Mahmoud Abbas sera élu président de l’Autorité palestinienne et Mustapha Barghouti arrivera second. Les quatre autres candidats obtiendront des résultats négligeables. Pourtant, cette élection est un événement crucial puisqu’il s’agit de la première élection démocratique dans la monde arabe. Pour la première fois, le dirigeant ne sera pas choisi en fonction d’une appartenance dynastique ou dans le cadre d’un référendum où il est le seul candidat crédible, mais lors d’une élection où chaque candidat aura pu présenter son programme.
Abu Mazen est le successeur naturel de Yasser Arafat, mais il est difficile pourtant de trouver quelqu’un de plus différents d’Arafat. Ce n’est pas un dirigeant charismatique ou un imitateur de Castro qui fait des discours fleuve en tenue militaire. Je suis ami avec lui depuis le début des années 90 et j’ai trouvé en lui un homme calme, pas obsédé par le pouvoir, capable d’écouter les autres et de se laisser convaincre. Il a évolué avec le temps et a laissé derrière lui ses travaux indignes sur l’Holocauste. En dépit de son manque de charisme, Abu Mazen assumera la direction de l’Autorité palestinienne avec la légitimité dont il dispose compte tenu de son statut de « père fondateur » de l’OLP. En outre, il a le soutien des États-Unis, d’Israël et des Européens.
Il est difficile de savoir pourtant si cette opportunité débouchera sur la paix. Il va devoir trouver un moyen de faire cesser la violence du Hamas et du Jihad islamique et il n’y parviendra que par la négociation ou la force. Quelle que soit l’option, ce sera difficile et il faudra l’aider.