La réélection de George W. Bush est une mauvaise nouvelle pour la démocratie car les électeurs ont réélu un dirigeant qui a menti au Congrès, accepté un usage disproportionné de la force, a été incapable d’attraper Ben Laden, a autorisé les tortures à Abu Ghraib et ailleurs, a autorisé l’exception juridique de Guantanamo, a rejeté les Conventions de Genève, a favorisé les grandes entreprises, a appauvri les classes moyennes, n’a pas créé d’emploi et a accumulé des déficits historiques. Il n’est pas question de discuter ici de la légitimité de son élection, mais du candidat qui a été élu. Nous ne devons pas oublier que Hitler aussi est arrivé au pouvoir démocratiquement et que c’est ce résultat qui a détourné beaucoup d’intellectuels européens de la « démocratie bourgeoise ». De même, la victoire de George W. Bush et de son vice-présidentissime Dick Cheney est une faillite morale du système démocratique qui doit nous alerter. Tout va dépendre maintenant de l’interprétation que le président réélu va donner à son triomphe. S’il oublie qu’il doit sa réélection à un système de propagande médiatique et qu’il croit bénéficier d’un vrai plébiscite, nous sommes perdus. Toutefois, s’il réfléchit, il peut voir que sur le plan international, sa politique échoue. La guerre d’Irak ne peut être gagnée sans envoyer 300 000 soldats de plus et il est impossible d’en avoir autant sans recréer un service militaire que Bush a promis de ne pas ré-instaurer. Il lui est également difficile d’attaquer l’Iran faute de troupes et sous peine de soulever la population chiite en Irak.
S’il comprend la situation, il est possible qu’il change de politique, tentant plutôt de relancer le processus de paix israélo-palestinien et invitant l’ONU en Irak. S’il agit ainsi, le second mandat Bush sera une surprise et il le terminera en étant un grand président.
« Bush, vértigo y escalofrios », par Ignacio Ramonet, El Periodico, 5 novembre 2004.
Restez en contact
Suivez-nous sur les réseaux sociaux
Subscribe to weekly newsletter