À la fin du XIXe siècle, au moment de l’affaire Dreyfus, le débat sur ce qu’on appelait le « problème juif » atteignit des sommets. Partout les juifs se demandaient pourquoi l’antisémitisme continuait à exister alors qu’ils étaient intégrés à la communauté civique laïque européenne. Les juifs se divisèrent alors, certains rejoignirent les mouvements socialistes et communistes en faveur d’un monde sans religions, sans racisme, sans États et sans classes sociales. Les autres pensaient que les juifs devaient construire leur propre société.
L’expérience communiste a survécu 80 ans, s’est révélée être un échec, être antisémite et être dirigée par une classe arbitraire comme un État terroriste. Le communisme échoua, mais l’antisémitisme continua. L’établissement d’un État juif, il y a 50 ans, n’a pas été un échec, lui. Ce fut un succès et une démocratie s’est construite.
Dans ses premières années, les sionistes n’ont pas réussi à apprécier le nationalisme palestinien émergeant et ce qui devait être une compréhension mutuelle est devenue une lutte acharnée, militaire, puis démographique. Si Israël perd sa majorité juive, il cessera d’être un État juif et s’il maintient sa majorité par la force, il cessera d’être une démocratie. Si les juifs ne sont plus majoritaires, ils seront en danger dans un monde arabe au déficit démocratique flagrant et au fanatisme dangereux. La seule solution est la division du territoire pour avoir une plus grande majorité juive. Grâce à cela, les Palestiniens auront leur pays. Les deux peuples ont déjà accepté cela. C’est l’essence du processus d’Oslo et de la « feuille de route ».
Ce qui empêche ce partage, ce sont les erreurs du passé : les colonies côté israélien et les groupes terroristes côté palestinien. Avec la mort de Yasser Arafat, il y a peut-être une nouvelle direction palestinienne, favorable à la division du territoire qui émergera.
« In the Wake of Arafat, Will the Two-State Solution Survive ? », par Shimon Peres, Los Angeles Times, 21 novembre 2004.
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