« Pourquoi l’ONU reste embourbée dans ses défauts »

Imaginez que les troupes états-uniennes soient accusés d’exploiter sexuellement les enfants dans les nations pauvres, qu’un des secrétaires de l’administration soit accusé de pratiquer des attouchements sur ses subordonnées féminines dont les plaintes seraient ignorées par le président, imaginez que le chef d’une agence gouvernementale des États-Unis et la progéniture du président soient mêlés au plus grand racket de l’Histoire. Cela ferait les gros titres. Pourtant, tout cela a lieu à l’ONU et presque personne hormis les cercles conservateurs ne s’en soucie. Pour peu que vous ne soyez un observateur attentif de l’ONU vous ignorez sans doute tout de ces affaires.
Les protestations contre la conduite de l’ONU sont faciles à trouver chez les conservateurs mais ils n’ont jamais aimé l’ONU. En revanche les médias grand public, les démocrates et les différents gouvernements européens ne prêtent pas attention à ces scandales. De son côté, Kofi Annan veut réformer l’ONU et la renforcer et il a demandé un nouveau rapport pour faire des suggestions de réformes. La proposition majeure est de faire passer le Conseil de sécurité de l’ONU de 15 à 24 membres, ce qui bloquerait encore plus l’institution. En fait, beaucoup des pays membres, sans parler des 49 000 employés, ne veulent pas que l’ONU soit plus efficace et même l’administration Bush ne fait pas de vague sur le scandale du programme " pétrole contre nourriture " car elle a besoin de l’ONU en Irak. La France, dont une banque est impliquée dans le scandale, ne veut pas d’une ONU capable d’enquêter et la Russie et la Chine d’une organisation capable de se mêler de la Tchétchénie ou du Tibet.
Contrairement à ce que la droite demande, on ne doit pas quitter l’ONU mais il ne faut pas trop attendre de cette organisation.