Grâce à la victoire de Viktor Yushchenko en Ukraine, la question de la réforme démocratique dans l’ex-URSS fait à nouveau les gros titres. Pour Vladimir Poutine, l’Ukraine est un modèle dangereux et il est bien décidé à ne pas rééditer les erreurs commises en Russie. Pas question pour lui de laisser une justice indépendante contrôler le résultat des élections ou de laisser l’opposition s’exprimer à la télévision. Dans son combat pour contrôler tous les aspects de la vie russe, la justice est une arme de choix et un système judiciaire aux ordres aide désormais un parlement croupion à affaiblir l’opposition et à enrichir les partisans de Poutine. Ce dernier vient d’ailleurs de nommer un de ses fidèles sans expérience à la tête de la plus haute autorité judiciaire du pays, tel Caligula nommant son cheval au Sénat.
A Davos, le vice-Premier ministre russe Alexandre Zukhov a dépeint une Russie très attirante pour les investisseurs mais ce portrait est loin de la vérité. Voyez ce qu’il advient de Yukos. Les expropriations illégales sont devenues une politique institutionnalisée et la Douma a repris une vieille loi soviétique permettant la saisie des biens des inculpés, sans décision de justice. Pourtant, hormis à l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, cela a suscité peu de réactions de responsables occidentaux. Le Kremlin n’a pas à se soucier de réactions qui n’existent pas. Personne n’a remis en cause le sommet du G7 prévu à Moscou en 2006.
La preuve de l’hypocrisie occidentale s’illustre bien quand on voit la différence de réaction entre les abus à Abu Ghraib et l’arrestation d’un millier de musulmans à Blagoveshenk, les déclarations antisémites à la Douma ou l’adoption d’une loi interdisant l’entrée en Russie aux étrangers ayant manqué de respect pour la Russie. Le changement ne peut que venir du peuple et l’Occident doit le soutenir.
« Caligula in Moscow », par Garry Kasparov, The Wall Street Journal, 4 février 2005.
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