« Un sommet pour appliquer les ordres de Sharon »

Toutes les rencontres qui ont eu lieu à Charm el Cheikh et auxquelles l’État hébreu a participé sont basées sur trois principes fondamentaux : la garantie de la sécurité aux Israéliens, l’élargissement de la normalisation des relations arabo-israéliennes et l’assimilation de la Résistance palestinienne au terrorisme. Le quatrième sommet de Charm el Cheikh, qui commence aujourd’hui, sera une copie conforme des précédents. D’ailleurs, les premiers points dans l’ordre du jour sont la fin de l’Intifada, le désarmement de la Résistance et l’abandon des opérations-suicide visant les habitants dans ce qui est appelé la ligne verte ou ailleurs.
C’est l’administration états-unienne, dont les ordres sont toujours obéis, qui a ordonné l’organisation d’un tel sommet. Ce qui compte pour George W. Bush, c’est de donner l’impression d’un développement positif du dossier israélo-arabe de manière à masquer l’échec états-unien en Irak, et à détourner l’attention de l’opinion publique mondiale des préparatifs de frappes contre l’Iran.
La désignation d’un coordinateur général états-unien pour superviser les forces de police palestiniennes n’obéit qu’à une seule logique : le contrôle direct et la gestion de ces organes de sécurité.
Mahmoud Abbas se rend au sommet avec plusieurs revendications en poche, dont la libération de 9 000 prisonniers palestiniens, le retrait des grandes villes et la reprise des négociations sur la " feuille de route ". En contrepartie, il propose de mettre fin à l’Intifada, de désarmer la Résistance et d’interdire les actions contre les colons. Mais il n’est pas évident qu’Ariel Sharon accepte ces demandes.
M. Abbas, dont les réalisations sont applaudies par M. Bush et Mlle Rice, va permettre à Sharon d’atteindre son objectif le plus cher : mettre fin à l’Intifada. Ainsi, les Palestiniens, comme c’était toujours le cas, seront les perdants du jeu. De leur côté, les pays arabes vont se précipiter pour normaliser leurs relations avec l’État hébreu, y envoyer leurs ambassadeurs, et tourner la page.