À l’issue du sommet de Charm El Cheikh, il apparaît qu’Ariel Sharon est le grand gagnant des négociations. Le Premier ministre israélien a pu obtenir ce qu’il n’a pas pu avoir il y a quatre ans, c’est-à-dire, mettre fin à l’Intifada et à toutes les opérations de la Résistance militaire et saper l’unité nationale palestinienne. Dans le même temps, sur la scène arabe, le terroriste d’hier est aujourd’hui présenté comme un l’homme de paix devant qui il faut, sans hésitation, ouvrir toutes les portes de la normalisation. Ainsi, à peine le sommet achevé, l’Égypte et la Jordanie ont annoncé le retour de leurs ambassadeurs à Tel-Aviv.
Les résolutions du sommet risquent fortement de déclencher une guerre civile entre les Palestiniens, surtout que le Hamas et le Jihad Islamique ont déjà annoncé que les engagements de Mahmoud Abbas n’étaient que le fait de l’Autorité palestinienne représentée par le Fatah, et qu’aucun accord écrit n’a été signé. De plus, Sharon n’a présenté aucune garantie prouvant sa volonté d’accepter les conditions palestiniennes du cessez-le-feu.
Le sommet de Charm el Cheikh a servi les intérêts de l’Égypte en plus de ceux d’Israël. Le président Moubarak a toujours peur des États-uniens et de leur initiative de reformes politiques dans le monde arabe. Il ne lui reste donc qu’une seule carte à jouer : celle de la Palestine. Le président égyptien veut se rendre à Washington avec dans sa poche une réalisation à présenter aux États-uniens, espérant qu’en contrepartie, ils fermeront les yeux sur des sujets tels que la démocratisation du grand Moyen-Orient ou les problèmes intérieurs égyptiens.
Toutefois, on se demande comment Abu Mazen a pu accepter oralement le cessez-le-feu, sans garanties et sans même une ébauche de déclaration finale qui précise clairement le cadre de cet accord et les engagements de chaque partie. L’Histoire nous a appris une leçon très importante : aucun mouvement de libération sur la scène internationale n’a mis fin définitivement à son combat avant que les conditions objectives, permettant de prendre une telle décision, aient été fournies. Le seul mouvement de libération qui a mis fin à la résistance était l’Organisation de la libération palestinienne lors de l’accord d’Oslo 1 et l’Autorité palestinienne à Oslo 2, c’est-à-dire à Charm El Cheikh.
« Sharon, le grand gagnant », par Abdel Bari Atouan, Al Qods Al Arabi
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