Si la Syrie a tué Hariri, cela peut-être considéré comme un acte de suicide politique, compte tenu de sa situation internationale. Aussi, la responsabilité syrienne dans ce meurtre est hautement improbable ; le crime est plus probablement le fait des nombreux ennemis de la Syrie.
On ne peut nier les nombreuses erreurs commises par la Syrie au Liban et l’appareil du renseignement militaire syrien a bien trop souvent fait preuve d’ingérence dans les affaires libanaises, notamment en exigeant la prolongation du mandat d’Émile Lahoud. La Syrie a toutefois semble-t-il reconnu ses erreurs puisque Bachar El Assad a limogé la semaine dernière son chef du renseignement militaire pour le remplacer par son beau-frère. Une purge de l’appareil du renseignement syrien au Liban est attendue.
Hariri n’était pas à proprement parlé un ennemi de Damas. Pendant dix des douze dernières années, il a été Premier ministre malgré l’influence syrienne. Quelques jours avant sa mort, il discutait d’une possible visite à Damas avec le vice-ministre des Affaires étrangères syriennes et il n’avait pas vraiment rejoint l’opposition, il se voyait davantage comme le médiateur entre l’opposition et Damas.
Dans ce cas, qui l’a tué ? Les candidats ne manquent pas, de l’extrême droite chrétienne aux fondamentalistes musulmans, en passant par Israël. Ce dernier pays s’est fait une spécialité des assassinats ciblés dans tout le Proche-Orient et avec les États-Unis, il cherche à rallier la communauté internationale contre l’Iran, la Syrie et le Hezbollah, une organisation qu’Israël veut pousser l’Europe à déclarer comme terroriste, ce que la France refuse de faire malgré sa querelle avec la Syrie.
Il y a bien plus en jeu qu’une lutte entre clans rivaux au Liban.
« Who killed Rafik Hariri ? », par Patrick Seale, The Guardian, 23 février 2005.
Restez en contact
Suivez-nous sur les réseaux sociaux
Subscribe to weekly newsletter