« Cet endroit n’existe pas ». C’est ce qu’a déclaré un officier de renseignement turc à mon fils en réagissant à la vue d’un jeu d’échec venant du Kurdistan irakien et stipulant cette provenance. Pourtant, à 50 mètres, on trouve un panneau " Kurdistan d’Irak ". la question est " combien de temps le " d’Irak " va rester sur le panneau " ?
En effet, le drapeau irakien ne flotte pas à la frontière quand le drapeau kurde est partout. Il n’y a pas de représentants du gouvernement de Bagdad au Kurdistan et il n’y a pas de militaires irakiens au Kurdistan. S’il fallait un signe supplémentaire du souhait d’indépendance, on regardera les résultats du référendum consultatif sur l’indépendance qui a donné 97 % en faveur du oui. Le jeu d’échec a été offert à mon fils par Jalal Talabani, tête de liste lors des dernières élections, qui a remporté 26 % des suffrages, ce qui en fait un personnage incontournable. Sa liste devrait soutenir la liste chiite en échange d’un maintien dans la constitution de l’actuel degré d’indépendance du Kurdistan, de l’arrivée de Kirkouk avec ses champs de pétrole dans le Kurdistan et de l’élection de Talabani à la présidence de l’Irak.
La Turquie n’accepte pas ce genre de développement, mais comme elle n’a pas de moyens de peser politiquement en Irak, elle réfléchit à une option militaire. Elle sait toutefois que cela endommagerait gravement sa relation avec Washington et l’empêcherait définitivement d’adhérer à l’Union européenne. En fait, depuis 1991, la Turquie a des relations cordiales avec les dirigeants kurdes et elle a compris que si elle ne veut pas de l’indépendance, elle doit soutenir le fédéralisme en Irak.
« For Iraqi Kurds and Turkey fever sure beats death », par Peter Galbraith, Daily Star, 7mars 2005.
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