La Jordanie est-elle encore la favorite de la campagne de George W. Bush pour réformer, démocratiser et libéraliser l’économie du Moyen-Orient ? La dernière rencontre entre Abdallah de Jordanie et George W. Bush pourrait le laisser penser en apparence, mais en privé les rapports se détériorent. La stratégie jordanienne qui consistait à avoir une politique régionale favorable à Washington, en échange d’un oubli par les États-Unis de sa situation intérieure, ne fonctionne plus.
Dernièrement, devant l’Hudson Institute, Richard Perle a présenté la Jordanie, avec l’Égypte et l’Arabie saoudite, comme un régime fermé où se développait le terrorisme. Il ne s’agit pas d’une remarque accidentelle car c’est de ce pays que sont issus Zarquaoui et d’autres terroristes. Dans un éditorial du Washington Post, Jim Hoagland a affirmé pour sa part qu’Abdallah est à George W. Bush ce que Yasser Arafat était à Bill Clinton. Ce propos doit être minimisé toutefois, car Hoagland est un partisan d’Ahmed Chalabi, accusé de fraude bancaire par le gouvernement jordanien. Autre signe, plus inquiétant cette fois, Condoleezza Rice a affirmé que le maintien du statu quo n’était plus parmi les objectifs de la politique états-unienne dans la région.
La Jordanie a compris ces signes et on peut interpréter son attitude au sommet de la Ligue arabe comme un moyen de revenir dans les bonnes grâces des États-Unis en demandant une normalisation des rapports de ces pays avec Israël. Amman n’a pas compris que les règles du jeu avaient changé : soutenir Washington n’est plus un moyen d’obtenir quelque chose en retour, c’est une pré-condition à toute discussion. Abdallah II s’est entouré de réformateurs, mais leur tâche est impossible à réaliser à cause de la situation économique qui favorise le mécontentement. Il sera difficile de gagner la sympathie de Washington désormais.
« Jordan falls from grace in Washington », par Maggie Mitchell Salem, Daily Star, 18avril 2005.
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