Le quotidien australien The Age rend compte du débat qui secoue le pays après que les professeurs de droit Mirko Bagaric et Julie Clarke aient publié un article justifiant légalement l’emploi de la torture dans la guerre au terrorisme. Cependant leurs contradicteurs ne relèvent pas que cet argumentaire n’est pas original, mais participe d’une campagne internationale contre les Conventions de défense des Droits de l’homme.
Le site du département d’État états-unien l’annonce fièrement en première page : Newsweek s’est rétracté ! Le journal nie aujourd’hui que des gardiens de la prison de Guantanamo aient jeté dans les toilettes des copies du Coran pour briser psychologiquement les détenus. L’hebdomadaire a affirmé que, finalement, sa source n’était pas fiable et a plié devant les exigences du pouvoir politique. Les citoyens sont priés de noter que l’affaire est close. Dans Gulf News, l’analyste Linda S. Heard s’agace des démentis de Newsweek. En effet, l’article de l’hebdomadaire n’avait rien d’un scoop. Des ONG comme Amnesty International ou Human Right Watch ou des journalistes d’Associated Press ou du Daily Mirror avaient déjà révélé ces pratiques (et d’autres) commises à Guantanamo. La seule différence est que Newsweek était le premier journal mainstream états-unien à s’en faire l’écho. Ce qui est choquant, ce n’est pas l’article, puisqu’il ne révèle rien, mais que la rédaction se couche devant les pressions. En se pliant aux desiderata de la Maison-Blanche, la presse permet l’impunité pour les crimes commis par les militaires et mercenaires de l’Empire. Pourtant, pour l’éditorialiste néo-conservatrice Claudia Rosett, cette docilité de la presse est insuffisante. Dans le Wall Street Journal, elle rappelle à ses confrères que les médias US sont l’objet de toutes les attentions, il convient donc qu’ils suivent davantage la propagande d’État, cessent de dénoncer les crimes de Guantanamo ou d’Abu Ghraib et se concentrent sur la dénonciation des futurs adversaires de Washington.
Le débat autour du traitement des prisonniers dans la guerre au terrorisme fait également rage en Australie. The Age rend compte des arguments de chacun.
Le professeur de droit Mirko Bagaric résume l’article qu’il a écrit avec sa consœur Julie Clarke dans la University of San Francisco Law Review justifiant la torture. Il estime que quand un terroriste est arrêté lors de la préparation d’un attentat, la torture peut éviter que cet attentat n’ait lieu et permet donc de sauver des vies. Par conséquent, dans la lutte contre le terrorisme, la torture peut être assimilée à de la légitime défense. Lors des prises d’otage, la police est autorisée à abattre les preneurs d’otage qui menacent la vie de leurs prisonniers car on estime que la vie des innocents est plus importante. Par conséquent, il devrait être permis aux forces de l’ordre de blesser intentionnellement des criminels pour sauver des vies.
Le lendemain de la publication de cet article, Sarah Joseph et Marius Smith du Castan Centre for Human Rights Law de l’université Monash dénonçaient ces arguments. On ne peut jamais être sûr lors d’une enquête qu’un individu est lié à un attentat et la torture ne permet pas d’obtenir des informations fiables. En outre, une telle légalisation aurait un impact sur toute la société : comment croire que la création de professionnel de la torture est un acte neutre ? Le surlendemain, c’est au tour de l’ancien Premier ministre australien, Malcolm Fraser, de dénoncer les thèses de Bagaric et Clarke. Une légalisation de la torture serait un retour en arrière sur des siècles de lutte pour les droits des prévenus et n’apporterait aucun nouveau renseignement puisque d’après les spécialistes interrogés, les informations recueillies sous la torture ne sont que rarement fiables.
Les deux critiques manquent toutefois un élément essentiel de l’argumentaire de Bagaric : il n’est pas l’auteur de ce qu’il écrit, il ne fait que reprendre les thèses d’Alan M. Dershowitz, conseiller juridique du gouvernement Sharon et théoricien de la torture légale. Il ne s’agit pas d’un débat strictement australien, mais d’une campagne internationale contre les Droits de l’homme et les conventions les garantissant. À ne voir que les développements nationaux de ce débat, les défenseurs des Droits de l’homme perdent une partie de la compréhension du problème.
La question nucléaire iranienne est l’occasion pour Israël et les États-Unis de justifier une modification de leur stratégie nucléaire, en invoquant la légitime défense.
Le directeur du Projet Daniel, Louis Rene Beres, demande à Israël de se tenir prêt à une riposte contre l’Iran dans le Washington Times. Pendant trop longtemps, Israël a maintenu une ambiguïté nucléaire qui aujourd’hui ne lui sert plus. Il faut que Tel-Aviv affiche clairement sa puissance et « sorte ses missiles de ses bases ». De son côté, l’analyste militaire états-unien William Arkin s’inquiète face aux nouvelles stratégies de Washington qui gomment la distinction entre frappes conventionnelles et frappes nucléaires. Dans le Washington Post, il appelle les citoyens à reprendre possession de leur politique de défense et à susciter un débat sur la place du nucléaire.
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