Nous avons l’honneur d’appeler votre attention sur une question urgente concernant l’emploi d’armes chimiques, qui constitue une menace contre la paix et la sécurité internationales.

Le 20 août 2020, l’opposant politique russe Alexeï Navalny est tombé gravement malade au cours du vol qui le ramenait de Tomsk (Sibérie) à Moscou. M. Navalny a reçu les premiers soins médicaux dans un hôpital d’Omsk (Russie) avant d’être transféré à l’hôpital Charité de Berlin le 22 août.

Le 2 septembre 2020, le Gouvernement allemand a confirmé que des tests réalisés par un laboratoire allemand avaient montré de manière incontestable que M. Navalny avait été empoisonné par un agent chimique neurotoxique du groupe Novitchok, qui avait été mis au point par l’Union soviétique et conservé par la Fédération de Russie, qui lui avait succédé.

Après avoir été informé de ces conclusions par le Gouvernement allemand le 3 septembre 2020, le Directeur général de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques, Fernando Arias, a publié une déclaration dans laquelle il avait confirmé que, selon la Convention sur les armes chimiques, tout empoisonnement d’un individu par l’utilisation d’un agent neurotoxique était considéré comme un emploi d’armes chimiques.

Nous rappelons que, le 22 novembre 2019, le Conseil de sécurité a adopté une déclaration de sa présidente (S/PRST/2019/14) dans laquelle il avait réaffirmé que l’emploi d’armes chimiques en tout lieu, à tout moment, par quiconque, en quelque circonstance que ce soit était inacceptable et représentait une menace pour la paix et la sécurité internationales.

Nous considérons donc que l’utilisation d’un agent chimique neurotoxique du groupe Novitchok dans l’odieux empoisonnement d’Alexeï Navalny constitue une menace contre la paix et la sécurité internationales. Nous demandons à la Fédération de Russie de révéler, de toute urgence et en toute transparence, les circonstances de cette attaque et d’informer le Conseil de sécurité à cet égard.

Nous vous serions reconnaissants de bien vouloir faire distribuer le texte de la présente lettre comme document du Conseil de sécurité.

Source : Onu S/2020/960