Il y a tout juste un an, le 7 avril 1994, débutaient au Rwanda les massacres qui devaient aboutir à la mort d’un million de personnes en moins de trois mois. Ce génocide visa principalement les Tutsi mais aussi quelques Hutu modérés favorables à un partage du pouvoir avec un FPR - tutsi - exilé en Ouganda. Ce pouvoir était détenu sans partage par Juvénal Habyarimana. Celui-ci est mort, abattu avec l’avion qui le ramenait à Kigali, probablement par les durs du régime - et si l’on en croit Colette Braeckman, avec l’aide logistique de militaires français. Sa mort fut le déclencheur de la tragédie, qui pourtant n’était pas une surprise.
Ce régime pousse-au-crime était soutenu par la France mitterrandienne, qui aujourd’hui s’apprête à laisser la place. François Mitterrand et Juvénal Habyarimana étaient, à l’instar de leur fils respectif, les meilleurs amis du monde. La France a équipé, soutenu, assisté, financé la constitution d’un Etat qui exacerbait la haine ethnique, ravivant les cassures initiées par les Belges.
A l’heure ou le Rwanda organise péniblement la justice pour les crimes qui ont été commis sur son territoire, les responsabilités françaises n’ont pas jusqu’à présent été mises en question.
Les mécanismes qui ont permis ce dérapage de la diplomatie et de la Coopération ont été occultés du « débat » présidentiel. Les associations Survie et Agir Ici ont publié cinq « Dossiers noirs » sur les aspects déraisonnables de la politique africaine de la France, accompagnés de questionnaires, qui furent envoyés à tous les candidats. Leurs positions sur le sujet figurent dans le cinquième et dernier dossier, Les candidats et l’Afrique : le dire et le faire. La réponse de Chirac est arrivée trop tard pour y figurer. Quant à celle de Jospin, elle n’est jamais arrivé.
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